Effet - Ils sont enviés et respectés par la plupart des personnes. Mais il y a aussi celles qui les pointent du doigt et leur reprochent toutes les dérives constatées dans les hôpitaux. Les Algériens ne critiquent pas les médecins car ils les détestent. Ils sont plutôt déçus, car ils les respectent mais certains ont trahi leur confiance. Alors tous les praticiens sont mis dans le même sac. Les praticiens se défendent et refusent d'être considérés comme les responsables de la faillite de la santé publique en Algérie. Pour accéder à la faculté de médecine, il faut avoir le bac avec une forte moyenne dans les matières scientifiques. Même si la formation dure désormais 7 années, ils sont toujours plus nombreux à choisir cette filière. Tous rêvent de devenir médecin pour satisfaire en premier leurs parents. Voir son fils ou sa fille en blouse blanche est le rêve de tous les parents en Algérie. Tout le monde considère ce métier comme le sommet de la réussite. Cette profession non pas seulement pour les parents qui veulent que leurs enfants soient médecins, mais surtout pour avoir un praticien à la maison ce qui leur facilitera la tâche en cas de maladie. Les premiers médecins algériens formés par les universités françaises étaient le plus souvent issus de familles aisées. Il y a eu aussi les enfants des premiers instituteurs. En ce temps-là le médecin algérien était vénéré. Il faut dire que les praticiens n'étaient pas encore mus par le mercantilisme. «Le premier médecin algérien à Sétif, avait une ardoise chez le pharmacien. Non seulement il refusait d'encaisser les frais des consultations, il appelait aussi le pharmacien pour lui demander de délivrer gratuitement les médicaments quand les patients étaient démunis. Le pharmacien payait aussi une partie des honoraires », affirme un vieil homme de Sétif. Dans la mémoire collective est ancrée une image ; celle du médecin samaritain qui ne court pas derrière le gain. Le médecin demeure pourtant un homme qui a ses forces et ses faiblesses. S'il admet que sa profession est un sacerdoce, il souhaite que les gens le considèrent à sa juste valeur. «Je ne suis qu'un être humain. J'ai acquis un certain savoir certes, mais cela ne fait pas de moi un être surnaturel capable de miracles», tient à affirmer un chirurgien qui exerce à l'hôpital Mustapha. Il faut dire d'un autre côté que les médecins sont devenus les boucs émissaires du secteur de la santé. Dès que quelque chose va de travers à l'hôpital c'est le corps médical qui est mis en cause.