Nous constatons, de plus en plus, l'émergence de deux médecines : l'une pour les nantis, dans les cliniques privées et l'autre pour les “laissés-pour-compte”, dans les structures étatiques. Quelle soit publique ou privée, la médecine demeure avant tout un acquis pour le pays et une garantie de prise en charge pour ses citoyens. Eu égard à son volet spécifique, car touchant à ce que l'être humain à de plus cher : la santé, la médecine est censée soulager la douleur, guérir et aider les femmes à accoucher, loin de tout calcul mercantile. Le praticien a été vénéré depuis la nuit des temps, car il n'exerce pas un métier mais un véritable sacerdoce, et si la rétribution qu'il reçoit est appelée honoraires, c'est pour bien le distinguer des autres activités commerciales. Pourtant, en Algérie, une nouvelle catégorie de médecins est en train d'apparaître : des praticiens beaucoup plus attirés par l'appât du gain que par les satisfactions que procure l'art médical, déontologiquement pratiqué. Les raisons de cette dérive sont multiples : des salaires bas dans le secteur public, des conditions de travail médiocres et l'environnement social caractérisé par l'enrichissement rapide d'une nouvelle classe sociale. Déçus par ce statut, et souvent nargués par d'ex-camarades de classe, devenus milliardaires sans avoir fait d'études, des praticiens sont tentés de franchir le Rubicon de la légalité pour mettre du beurre dans leurs épinards. Mais est-ce la seule explication ? La science ne se monnaie pas et les médecins sont tenus de revenir au “serment d'Hippocrate” qui les oblige à prendre en charge le riche, comme… le pauvre. Nous constatons, de plus en plus, l'émergence de deux médecines : l'une pour les nantis, dans les cliniques privées et l'autre pour les “laissés-pour-compte”, dans les structures étatiques. La politique de l'autruche adoptée par les pouvoirs publics encourage les médecins peu scrupuleux à se faire de l'argent facile sur le dos des malades. Si les mêmes pouvoirs publics avaient légiféré en faveur des mêmes honoraires dans les secteurs public et privé, il n'y aurait certainement pas eu l'apparition de cette médecine “hors la loi” dans les cliniques. Quant aux pauvres, une structure, à définir, devra disposer d'un budget spécifique pour payer les soins de cette catégorie de citoyens, prodigués par l'hôpital ou les établissements privés. Cela mettra de l'ordre dans un secteur en passe de devenir un véritable “pandémonium” alors qu'il doit être au-dessus de tout soupçon. Par ailleurs, l'Etat pourra alors mieux gérer ses programmes de santé et recouvrer ses impôts. Pour le moment, l'argent circule à flots dans les cliniques, en dehors de tout contrôle. Cela dit, le diplôme de médecin ne doit pas aussi être assimilé à une condamnation aux travaux forcés à perpétuité en faveur de la nation. L'Etat est dans l'obligation d'assurer des salaires conséquents aux praticiens pour les mettre à l'abri de toute tentation. D. A.