Oran Dimanche 13 juin 2004. Le tribunal criminel d?Oran a prononcé un verdict lourd à l?encontre d?un homme qui a nié en bloc être l?auteur d?un crime odieux... Objectivement, lorsque l?on est recherché par les services de sécurité, il est inutile de tenter de persuader les éléments de la garde communale qu?un crime vient de se dérouler sous nos yeux et qu?on fait une déposition, à tout seigneur tout honneur, par respect du défunt... B. B. a osé le faire ! Il a osé faire une déposition à propos d?un meurtre dont il est «l?ultime» auteur. «Mon collègue vient d?être assassiné sous mes yeux... Des malfaiteurs s?en sont pris à nous... Si moi, j?en suis sorti indemne, ce n?est malheureusement pas le cas pour mon collègue ! Il faut que vous vous dépêchiez... je crois qu?il ne respire plus?» Les éléments de la garde communale ont, sur le champ, le réflexe de procéder à l?arrestation de B. B., qui est immédiatement identifié. Il s?agit, en fait, d?un homme dont le casier judiciaire n?est pas aussi blanc qu?il tente de le faire croire... En effet, B. B. est recherché pour une affaire de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort. Les éléments de la garde communale se rendent sur les lieux du crime. B. B. n?a pas menti. Là, sous leurs yeux, un homme, la soixantaine, gît dans une mare de sang. Il ne respire plus. Les deux coups mortels qu?il a violemment reçus au niveau de la tête ont, hélas, eu raison de sa vie, jusque-là paisible ! Mais quel lien existe-t-il entre l?accusé et la victime ? En fait, B. B. et M. A. sont gardiens de nuit au niveau d?un parc. On ne leur connaissait pas une amitié particulière, cependant, des témoins rapportent que les deux hommes se connaissaient bien et qu?ils étaient voisins. Un fait que dément l?accusé le jour du procès : «Je ne connaissais pas cet homme et je n?avais aucune raison de le tuer. C?était juste un collègue de travail. Je ne l?ai pas tué. Je suis innocent !» Nous sommes dans la nuit du 12 octobre 2003, au lieudit Haï Nedjma, à Oran B. B., titubant sous l?effet de boissons alcoolisées, brandissant une épée, les vêtements tachés de sang, se présente à la brigade de la garde communale et tente de masquer son crime en mettant en scène un scénario peu crédible... surtout pour un homme recherché ! Le jour du procès, par un dimanche ensoleillé, le mis en cause ne revient pas sur sa première déclaration : «Je n?ai pas tué cet homme?» Le représentant du ministère public dresse un sévère réquisitoire à l?encontre de l?accusé et requiert la perpétuité, alors que l?avocate de la défense demande la relaxe pure et simple : «Ce n?est pas parce qu?il a fait de la prison qu?il est aujourd?hui coupable du meurtre de M. A.» La cour se retire pour délibérer et revient avec son verdict : B. B. est condamné à perpétuité pour homicide volontaire.