Résumé de la 56e partie - Depuis que Chantal a rencontré la mère supérieure, elle comprend que la vraie vie est différente de celle qu'elle a connue jusqu'à ce jour... Robert vivait à quelques mètres d'elle, sur le même bateau, et elle devrait attendre des années avant de le revoir. Elle en arrivait à se demander si jamais une femme jeune et belle avait éprouvé une souffrance semblable ? Le paquebot avançait toujours sur l'océan Indien. Chantal ne pouvait pas fermer l'œil cette nuit était la dernière que Robert passerait à bord. Elle essayait de se remémorer alternativement les deux soirées vécues, en compagnie de l'ingénieur et les dernières heures écoulées à Paris. Elle se souvenait d'être retournée chez le Dr Petit, où l'attendait la directrice de «Marcelle et Arnaud». Dès qu'elle avait été introduite dans le cabinet du docteur, elle avait déclaré à ses deux confidents : — Je pars vendredi soir de Paris et je m'embarque samedi à Marseille. Mon sleeping est retenu dans le train et ma cabine dans le paquebot jusqu'à Sydney. Mme Royer l'avait regardée avec ahurissement. — Que veut dire tout cela ? — Chère amie, trancha Chantal, je vais vous annoncer une surprenante nouvelle je suis lépreuse... — Comment ? — Interrogez le docteur qui vous expliquera tout aussi bien que moi. — Ce n'est pas vrai, docteur ? — Malheureusement, Madame, c'est exact. Et il raconta à la directrice de «Marcelle et Arnaud» comment il avait été amené à sa sinistre découverte et la grave décision prise par Chantal. A la fin du récit, Mme Royer était effondrée dans son fauteuil. — Vraiment, conclut-elle, si je n'avais pas une confiance absolue en vous, docteur, je croirais que vous venez d'inventer un conte à dormir debout ! Vous n'auriez pas pu prendre un paquebot qui levât l'ancre un peu plus tard ? — Si je l'avais pu, je me serais embarquée aujourd'hui même, dit Chantal. Elle leur exposa les raisons, impérieuses à ses yeux, qui avaient motivé sa décision. Le Dr Petit approuvait, Mme Royer était plus réticente : — Avez-vous mûrement réfléchi au désespoir de Jacques quand il apprendra que vous l'avez quitté ? — Je lui écrirai que j'ai trouvé un autre amant l'homme de ma vie... — Il en sera désespéré. — Il le serait encore plus à la seule idée que la lèpre pourrait flétrir ma beauté physique. Je crois qu'il ne s'est jamais fait beaucoup d'illusions sur ma beauté morale ! Mon départ ne modifiera guère l'opinion qu'il a de moi... — Vous êtes une femme très intelligente, reconnut le docteur. — Malheureusement, avoua Chantal avec une grande simplicité, j'ai été, trop paresseuse pour m'instruire. J'ignore les règles les plus élémentaires de l'orthographe ; ça me gêne pour écrire la lettre que j'ai commencée ce matin et que vous remettrez à Jacques après mon départ. (A suivre...)