Résumé de la 10e partie n En voyant Berton qui accompagnait sa femme, Chantal pense : «Voilà l'homme dont j'ai besoin.» Derrière les lorgnons, les yeux de l'agent de change brillaient d'un feu étrange : il éprouvait la sensation merveilleuse de faire, aux approches de la soixantaine, la conquête la plus émouvante de sa vie. Aussi, Chantal ne fut-elle que médiocrement étonnée, au moment où elle franchissait la porte du personnel, vers sept heures ce même soir, de voir le concierge lui remettre une carte de visite sous enveloppe. C'était une invitation de Jacques Berthon lui-même pour le lendemain à une heure. L'agent de change paraissait ainsi disposé à mener rondement les choses. — Qui vous a remis cette carte ? Un chauffeur, Mademoiselle.. Il conduisait une voiture magnifique. Chantal s'endormit dans sa chambre de la rue Victor-Massé, auprès d'Iru, avec la sensation d'avoir peut-être mieux «travaillé» en une seule après-midi que pendant le reste de son existence. Selon son habitude, elle arriva en retard pour la présentation du lendemain. Personne ne lui en fit la remarque, pas même Mme Royer, toujours installée au bas de son escalier monumental. Sans doute la patronne estimait-elle que toute réprimande était inutile puisque Chantal quitterait définitivement la maison le vendredi suivant ? Tout le monde, chez «Marcelle et Arnaud» était déjà au courant de ce départ ; une journée avait suffi pour répandre la nouvelle, Chantal s'en rendit compte à l'attitude de ses camarades de la cabine. Mado et Ninette affectèrent un léger mépris à son égard ; Lulu exultait. Chantal fit semblant de ne s'apercevoir de rien. Quand Mado lui demanda : — Où as-tu déjeuné ce matin ? Elle répondit évasivement : — Chez «Carton», dans un cabinet particulier. Toutes éclatèrent de rire. C'était cependant vrai. M. Berthon n'avait rien trouvé de mieux pour déclarer sa subite passion à Chantal ; c'était tout juste s'il n'avait pas commandé des tziganes ! L'agent de change, rajeuni, se croyait ramené à une époque ou les jeunes femmes coupables cachaient sous des voilettes et dans des coupés fermés le secret de leurs aventures. Chantal avait posé ses conditions qui avaient toutes été acceptées. Elle avait laissé entendre qu'elle serait même disposée à quitter la maison «Marcel et Arnaud» sous huitaine si son protecteur lui assurait immédiatement une existence confortable, douillette, exempte de tous soucis. L'agent de change avait exhibé son carnet de chèques ; Chantal lui avait expliqué clairement qu'un seul chèque, si gros fût-il, ne l'intéressait pas. Ce qu'il lui fallait, c'était l'appartement, l'auto, le vison, le collier de perles et un carnet de chèques à elle dont elle pourrait disposer comme bon lui semblerait. A suivre Guy des Cars