Promesse ■ «Une dizaine d'Etats vont mettre à disposition des forces pour organiser des opérations ponctuelles sur des sites, en Afrique, après une décision prise par le Conseil de paix et sécurité de l'UA ». C'est ce qu'a déclaré hier, à la clôture d'un sommet de deux jours à Addis Abeba, le chef de l'Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. «L'engagement restera donc toujours dans le cadre de l'Union africaine», a ajouté le président mauritanien, qui a pris la présidence tournante de l'organisation panafricaine. La création de cette Force africaine de réaction rapide avait été décidée lors du précédent sommet en mai dernier et l'urgence de sa mise sur pied a été rappelée lors du Sommet de Paris sur la sécurité en Afrique en décembre. Parmi la dizaine de pays s'étant engagés à fournir des troupes, la présidente de la Commission de l'UA, l'Algérie, Nkosazana Dlamini-Zuma a cité l'Ouganda, la Tanzanie, l'Ethiopie, la Mauritanie, l'Angola, l'Afrique du Sud, la Guinée et le Tchad. Aucune précision n'a été donnée sur un calendrier ou l'ampleur des effectifs. Ce sommet de l'UA avait initialement pour thème «agriculture et sécurité alimentaire», mais les crises en Centrafrique et au Soudan du Sud se sont imposées. Aujourd'hui samedi, des représentants africains et de la communauté internationale se réuniront à Addis Abeba pour lever des fonds et moyens en faveur de la Force africaine en Centrafrique (Misca). Selon le président guinéen Alpha Condé, l'Algérie a promis des avions de transport et l'UA fait pression sur l'Angola et l'Afrique du Sud pour qu'elles suivent son exemple. La Centrafrique a plongé dans le chaos depuis mars 2013, lorsqu'une rébellion à majorité musulmane, la Séléka, a renversé le président François Bozizé, déclenchant une spirale de violences intercommunautaires. Hier, vendredi, le commissaire à la Paix et la Sécurité de l'UA, Smail Chergui, a exclu dans l'immédiat un passage de relais à une force onusienne, que certains observateurs estiment nécessaire pour pacifier le pays, soulignant qu'un tel processus prendrait plusieurs mois. Selon des diplomates, la question de renforts pour la Misca n'a pas vraiment fait débat au sommet. Nombre de diplomates estiment cependant que les troupes déployées sont insuffisantes pour ramener la paix, en particulier hors de Bangui. Les Nations unies estiment que 10.000 Casques bleus sont nécessaires pour sécuriser la Centrafrique. Sur le terrain, la situation semblait s'être dégradée et une opération militaire française était en cours hier soir à Sibut, à 180 km au nord de Bangui, prise la veille par des combattants Séléka. A Bangui, la Croix-Rouge dit avoir ramassé «30 tués et 60 blessés» ces trois derniers jours. Les pays africains semblent mettre un point d'honneur à rester, pour l'heure, maîtres des opérations en Centrafrique, mais il semble peu probable qu'ils puissent augmenter les effectifs africains sur place, car ils participent déjà à des missions de maintien de la paix dans de nombreux pays, dont la Somalie, le Mali ou au Darfour (Soudan).