Profit Les employeurs, qui recrutent ces jeunes diplômés, trouvent beaucoup d?avantages. La prise en charge de leur salaire par l?Etat tout au long de la première année de leur recrutement n?est pas des moindres. C?est la raison qui pousse ces patrons à procéder à de nouveaux recrutements au lieu de permaniser ceux dont le contrat préemploi est arrivé à terme. «Nous étions dix à bénéficier de ce contrat dans une administration. Nous faisions presque tout le travail alors que les permanents jouaient le rôle de contrôleurs. Nous ne réclamions rien. Nous faisions de notre mieux, car ils nous ont promis de recruter les trois meilleurs d?entre nous. C?était de la poudre aux yeux. Aucun n?a été recruté. Maintenant, c?est l?éternel recommencement : nous sommes à la recherche d?un autre travail», déclare Samia une jeune universitaire de 27 ans. Les garçons ne sont pas aussi dociles que les filles. «Ces chefs d?entreprise savent qu?il y a une liste interminable de jeunes chômeurs en attente qui accepteront de recevoir ce misérable salaire assuré par l?Etat, alors pourquoi recruter des employés auxquels ils doivent assurer une paie complète. Moi je ne me présenterai jamais à ce genre de poste. Je ne me laisserai pas exploiter et humilier de cette manière», dira Ahmed un jeune ingénieur en informatique chômeur depuis une année. «C?est l?économie de marché, on ne peut pas obliger les patrons d?entreprise à recruter ces jeunes s?ils ne leur apportent pas un bénéfice», dira M. Oubaïche, chargé de la communication à l?Agence nationale du développement (ADS). «D?ailleurs, ce programme est conçu pour initier ces jeunes à l?emploi et leur permettre d?avoir une certaine expérience qui leur ouvrira d?autres horizons. C?est une alternative et non une solution. Ce n?est pas pour les assister non plus. Finie la politique d?assistanat. C?est à eux de trouver un poste stable après la fin de ce contrat, car ils ne pourront pas bénéficier d?un autre contrat de ce genre. Il faut que les jeunes prouvent leur efficacité pour s?accrocher et mériter un emploi», ajoutera-t-il. Cependant, l?Etat, «conscient de l?exploitation que ce dispositif peut engendrer», a pris certaines mesures pour protéger ces jeunes. «Si l?employeur ne recrute pas 10 à 16% de ces jeunes au bout de deux promotions, il ne bénéficiera plus de ce contrat», dira notre interlocuteur. Par ailleurs, «si le chef d?entreprise demande de prolonger le contrat préemploi de quelques mois, il doit assurer lui-même le salaire ainsi qu?un contrat déterminé ou non déterminé d?emploi pour ce jeune après la fin du contrat préemploi».