Constat ■ La préparation de la relève n'est pas défaillante, seulement, chez les joueurs en Algérie, mais cela touche également le corps arbitral. Comme pour dire que plusieurs points ne fonctionnent pas comme il se doit dans ce secteur «sensible» qu'est l'arbitrage, il n'y qu'à faire le constat concernant la préparation de la relève pour s'en rendre compte. Un volet, de loin, défaillant, et la sonnette d'alarme doit être tirée, pour rattraper ce retard. Le président de la commission fédérale d'arbitrage, Belaïd Lacarne, parle d'un déficit de quelque 5 000 arbitres à l'échelle nationale alors, qu'en parallèle, aucune feuille de route n'est mise en place pour le combler. L'ancien arbitre fédéral, Mohamed Meddane, qui vit actuellement au Canada, affirme qu'il est somme toute logique de voir l'homme en noir en Algérie descendu en flammes, affirmant que cela était «prévisible» pour diverses raisons. «Quand une chose n'a pas de base, elle ne peut pas tenir et c'est ce qui peut se dire concernant notre arbitrage. Et cette base, justement, n'est autre que la formation qui demeure, d'année en année, le maillon faible. Ainsi, je dirai que la problématique de ce secteur en Algérie se résume au volet de la formation, puisqu'on n'apprend pas, comme par le passé, les notions de bases aux jeunes arbitres, surtout en ce qui concerne l'emplacement sur le terrain. Quand je regarde les matches du championnat algérien, je me rends compte que tout est faux sur ce volet. Un arbitre doit savoir se positionner sur le terrain histoire de tout dominer de son regard, d'abord, et économiser son énergie.», nous dit-il. Mohamed Meddane, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour tirer à boulets rouges sur les actuels responsables de ce secteur, en indiquant qu'ils ne sont pas dignes d'être en poste. «A titre d'exemple, Lacarne n'est pas habilité à être un formateur d'arbitres, lui qui ne connaît rien à la méthodologie et ce qui se passe actuellement avec les arbitres en est témoin. La seule personne qui peut bien occuper ce poste c'est Rachid Medjiba, une personne compétente, qui avait un programme ambitieux, mais on ne l'a pas laissé poursuivre», explique-t-il. Même son de cloche chez l'ancien arbitre, Salim Oussaci, qui indique que cela doit obéir à une feuille de route complète sans négliger le moindre détail. «Les manuels de formation doivent être revus, avec plusieurs concepts qui doivent être inclus. «Il ne faut pas travailler seulement le volet technique ou celui lié aux aptitudes physiques. Il faudra travailler, aussi, le côté moral, qui devra bénéficier d'une importante charge comprise dans le cursus pour parer à d'éventuels détours durant la longue carrière qu'il aura à accomplir», nous dit-il. Le motif Rien ne justifie l'acharnement des dirigeants C'est devenu une coutume. A la fin de chaque rencontre d'une compétition nationale, les responsables de l'équipe perdante trouvent en l'arbitre un bouc émissaire, pour le traiter de tous les noms d'oiseaux, allant même jusqu'à l'accuser de «corrompu». Et si parfois il y a matière à douter, cela n'explique pas la manière avec laquelle ils agissent. Pour Salim Oussaci, les traces de cette présomption de corruption existent à travers des comportements douteux de certains agissements de toutes les parties qui gravitent autour de cette pratique arbitrale et confinées dans l'entourage de cette cellule de désignation des arbitres qui laisse planer des soupçons qui durent depuis quelques années déjà. Nombreux sont ceux qui affirment, par ailleurs, qu'il ne faut pas seulement parler de «corrompus», mais aussi des «corrupteurs». «Tout le monde connaît, nommément, les présidents corrompus, et certains sont même fiers de l'être. Donc, la responsabilité est partagée, et chacun doit assumer la sienne», dit Mohamed Meddane. La contradiction Pour la FAF, tout va bien Au moment où tout le monde fait le même constat concernant la situation de l'arbitrage en Algérie, et le fait de tirer la sonnette d'alarme, d'autres parties (celle concernées) font la sourde oreille. Pour elles, tout va bien, en témoigne la dernière réunion du bureau fédéral, tenue la semaine dernière. Dans le communiqué de la FAF, et dans la partie relative à ce sujet, c'est «la langue de bois», qui a primé. «Le président de la commission fédérale des arbitres, a présenté un exposé sur les activités de la CFA pour l'année 2013. La CFA a arrêté les dates pour les séminaires et tests physiques pour l'ensemble du corps arbitral dépendant de la Fédération algérienne de football. Pour l'année 2014, un programme de formation des arbitres a été établi par la CFA pour augmenter le nombre et la qualité des arbitres. Le bureau fédéral a instruit la CFA à l'effet de mettre en œuvre un programme spécial de vulgarisation des lois du jeu, à l'attention des professionnels de la discipline et du grand public», lit-on dans le communiqué. A n'y rien comprendre. L'apport Des séminaires pour rien Différents communiqués rendus publics sur les deux sites internet de la FAF et de la LFP, évoquent la programmation d'un séminaire pour les arbitres. Mais force est de constater que ces séminaires n'apportent pas le résultat escompté, étant donné que l'arbitrage algérien reste toujours décrié (à tort ou à raison). Mohamed Meddane se questionne, de ce fait, sur le travail qui se fait durant ces différents séminaires organisés à chaque fois pour les arbitres, «alors que force est de constater qu'aucune amélioration n'est enregistrée». Ceci est-il un problème de formateur ou de formé ? «Les deux sont responsables», selon Mohamed Meddane. «Comment se fait-il qu'un arbitre devient international au bout de quatre années d'exercice ? Pour moi, c'est du n'importe quoi. A notre époque, les arbitres devaient passer par plusieurs étapes, avec des tours régionaux qu'ils devaient réussir, tous, pour être désignés, ensuite, ‘international'», s'interroge-t-il.