Parcours ■ C'est au cours de l'année 1956. Une histoire réelle qui a eu pour théâtre un douar. Surplombant les hauteurs de Lakhdaria, ex-Palestro, une ville distante de 79 km à l'est d'Alger. Nous sommes le 18 mai, le lieu s'appelle Ouled Djerrah, un hameau perché quelque part dans les monts qui ceinturent la ville des Cigognes. C'est là qu'une embuscade meurtrière est tendue par des combattants de l'ALN, sous la responsabilité du lieutenant Ali Khodja, à une unité de l'armée française. Resté sans nouvelles de cette unité, l'état-major envoie le lendemain dans la région plusieurs bataillons, dont les commandos parachutistes de l'air affiliés à la base 146 de Réghaïa, pour tenter de la retrouver. Après cinq jours d'intenses ratissages, 18 soldats français parmi les 20 qui composaient l'unité tombée dans l'embuscade, sont retrouvés morts. Dans les heures qui suivent cette découverte, plusieurs dizaines de villageois seront liquidés dans la région de Ammal en signe de représailles. Le douar de Ouled Djerrah est complètement rasé et ses habitants exterminés. Au milieu des cadavres un enfant, l'air hagard, âgé d'à peine quatre ou cinq ans, plongé dans une complainte de larmes et de gémissements, est allongé sur le corps criblé de balles de son père. Un des commandos se saisit de l'enfant pour le tuer. Il doit son salut à un autre soldat qui s'est interposé pour le sauver d'une mort certaine. Après avoir accompli leur sale besogne, les militaires français se retirent dans leurs garnisons. L'enfant rescapé de ce massacre se retrouve à la base de l'air 146 de Réghaïa, dont il deviendra la mascotte, affublé d'un pseudonyme : Maxime. Il vivra au milieu des soldats, fera même partie des expéditions militaires et autres opérations de «maintien de l'ordre» et sera utilisé dans des missions de renseignement dans le but de connaître le mouvement des combattants de l'ALN parmi la population locale. Le général de la base aérienne de Réghaïa fera confectionner à Maxime une tenue de parachutiste à sa taille, avec béret, ceinturon et étui à revolver. Le 1er octobre 1959, Maxime est pupille de la nation sous le nom de Maxime-Charles. Et le 25 octobre 1959, il est converti à la religion catholique sous le nom de Maxime Keller de Schleitheim. C'est aussi en octobre 1959 qu'il se retrouve sous l'autorité parentale d'Yvonne Keller de Schleitheim, l'assistante sociale de la base de Réghaïa. Le 5 juillet 1962, l'indépendance de l'Algérie est proclamée. Les troupes françaises commencent à quitter le pays, à l'instar de celles que comptait la base aérienne 146 de Réghaïa. Maxime Keller sera emmené en France par sa mère adoptive, elle-même militaire. Il ne reverra plus jamais la terre de ses ancêtres. Sur cette histoire émouvante et affligeante, sa fille Karine Keller a écrit un livre intitulé L'Enfant soldat de Palestro, publié le 18 septembre 2012 aux éditions du Net, puis adapté en une pièce de théâtre en cinq actes.