Evénement ■ C'est demain que débutera la fête du printemps. Des familles sortent le matin pour passer une journée dans la nature. Cette fête populaire se déroule annuellement dans les régions des Hauts-Plateaux, notamment à Bordj Bou-Arréridj. Elle commence le dernier vendredi du mois de février ou le premier vendredi de mars. Mais il arrive parfois qu'on assiste à un ajournement de la fête si les conditions climatiques ne permettent pas une sortie dans la nature. C'est au climat donc que revient le dernier mot pour fixer le jour du début de la fête. D'après les informations que nous avons recueillies à travers plusieurs régions du pays, les familles organisent cette fête, qui s'étend sur plusieurs jours, simultanément. Vraisemblablement, cet événement, qui tire ses origines d'un passé lointain, marque la fin de la période agricole. La veille, que ce soit à Bordj Bou-Arréridj, à Sétif, à Batna ou au nord de M'sila, les femmes consacrent à ce rite une attention particulière. Ainsi et selon les régions, on prépare pour la circonstance des plats traditionnels. A base de pâte de dattes, de semoule grillée et de beurre, les femmes préparent «m'bardja» ou «r'fis». Elles préparent aussi de petites galettes avec du jaune d'œuf. D'autres préparent des crêpes beurrées appelées «baghrir». Les marchés des régions, où le printemps est fêté, connaissent, à chaque arrivée de «Er'rabie», une ambiance festive. Les familles achètent des dattes, du beurre, des oranges, des œufs et surtout de petits paniers. Le jour «j», dès le matin, les enfants, paniers chargés d'œufs durs, d'oranges de «r'fis», de «m'bardja» et de galettes, à la main, accompagnés de leurs parents, prennent une seule direction : la campagne. Au milieu des champs ou dans les prés, les enfants chantent et s'égosillent : «Ô printemps ! Ô printemps ! Chaque année tu reviendras... tu me trouveras, mes parents et moi dans le jardin ...» Dans ce climat de joie, les enfants cueillent des fleurs. Habituellement, cette fête se concrétise par un pique-nique que les familles ne peuvent se permettre de rater. Cette sortie champêtre est pour quelques familles une occasion de rendre visite aux mausolées et aux lieux saints. Par terre, à la mi-journée, les familles forment des groupes. C'est le moment de goûter aux plats traditionnels qu'elles ont préparés la veille. Avant de rentrer dans les champs, les familles cueillent des plantes sauvages comme «el guernina» et autres pour la préparation de plats. D'après nos informations, cet événement a également des traces dans les régions du centre du pays. «Nous fêtons toujours le printemps. Je me souviens très bien que nous organisions une «waâda». Ça fait une semaine que ma bru m'a demandé de la faire sortir pour célébrer le printemps. Je lui ai dit que ce n'était pas encore le moment...», nous dira un retraité de la région de Oued El-Alleug. Du côté d'Ouled Mendil, dans l'ouest d'Alger, les vieilles sortent à la même période, dans les champs, pour cueillir une plante appelée «nabta». Cette plante sert également à la cuisine. Bonne fête. Bon printemps !