Les familles de la r�gion de Bordj- Bou-Arr�ridj ont c�l�br� la f�te du printemps qui est intervenue pendant un des vendredis du mois de mars, le plus marqu� par l'ensoleillement, indique-t-on. Ces familles ont attendu la fin de la grisaille et du mauvais temps pour jouir de cette f�te, l'espace d'une journ�e qui constitue une tradition typiquement locale et propre � cette r�gion. Les familles de Bordj-Bou-Arr�ridj ont pris chaque ann�e l'habitude d'attendre avec impatience cette f�te populaire qui se caract�rise par une sortie en plein air. Tir�e d'une mosa�que de traditions de toute la r�gion des Bibans, compos�e des modes de vie kabyle, arabe, chaoui, s�tifien et du Sud (Hodna), cette f�te se concr�tise par un pique-nique que les familles ne peuvent se permettre de rater. Ces derni�res choisissent le vendredi le plus ensoleill� et en un mouvement massif envahissent les champs p�riph�riques aux agglom�rations, les prairies, et notamment le site du barrage de A�n-Zada ou encore la for�t de Boumergued. Cette sortie champ�tre est aussi l'occasion de rendre visite aux mausol�es de la r�gion, comme le tombeau de Sidi-Dilmi Bougabrine, le saint patron de Medjana, la ville d'El Mokrani. Avec des origines qui remontent loin dans le temps, cette f�te est surtout un �v�nement pour les enfants qui profitent de cette sortie pour une grande d�couverte de la nature. Elle leur permet de s'initier � la connaissance des diverses plantes, et enfin de go�ter aux plats traditionnels, typiquement bordjiens. Les familles de Bordj-Bou-Arr�ridj excellent dans la pr�paration de ce qui est appel� " lembardja", une galette fourr�e aux dattes, de " zera�ga", galette �miett�e et baignant dans le beurre, ou encore la galette au jaune d'œuf et surtout " el keskes", qui n'est autre qu'un couscous au lait de vache, pr�par� avec de la viande d'agneau ou de ch�vre et des plantes cueillies dans les champs comme " el guernina" et les cardes sauvages. Un autre plat, aujourd'hui presque disparu, est �galement pr�par� � cette occasion par les familles paysannes. Il s'agit du "berkoukess" aux champignons, plante que seules certaines personnes �g�es savent reconna�tre en �vitant les esp�ces v�n�neuses. La f�te du printemps � Bordj-Bou-Arr�ridj, comme l'explique ammi Ahmed, �g� aujourd'hui de 86 ans, "c'est la rencontre entre le citadin et la nature, pour rappeler � beaucoup de gens de la ville leur origine paysanne et campagnarde" et leur permettre de "go�ter aux saveurs des plats anciens pr�par�s uniquement avec des produits naturels, comme la semoule de bl�, le beurre frais de vache, de ch�vre ou de mouton, le miel ou l'huile d'olive" et autres produits naturels de la r�gion des Bibans. Avant, explique ammi Ahmed, m�me les confiseries, telles que les g�teaux, les bonbons, les chocolats n'�taient pas admis dans le couffin de la f�te du printemps. Pour ammi Ahmed, c'est seulement pendant l'occupation fran�aise que le panier pr�par� par la femme bordjienne a commenc� � contenir des confiseries. L'unique sucrerie admise �tait "er fiss" pr�par� avec de la semoule, de l'huile d'olive ou du beurre, des dattes et, pour les gens ais�s, m�lang� au miel pur des montagnes d'El-Dja�fra ou des monts du Hodna. Pour l'origine de la f�te du printemps, Ammi Ahmed n'a pas de date pr�cise, mais selon lui, elle �tait f�t�e par les anc�tres, comme celle qui, en hiver, accueillait les premi�res neiges, moment o� on �gorgeait un mouton pour la famille et les voisins. Ces f�tes paysannes sont celles des gens qui vivaient en harmonie avec la nature et qui saluaient par des r�jouissances l'arriv�e de chaque saison, insiste-t-on dans la r�gion de Bordj-Bou-Arr�ridj.