Ce premier jour du printemps est un événement sacré pour toutes les familles bordjiennes où chaque dernier vendredi du mois de février ou du premier vendredi du mois de mars la population bordjienne sort pique-niquer en un mouvement unique au monde. Le mythe consacré à l'accueil de Tafsut, durant la matinée du premier jour, un ensemble de rites répétés depuis des lustres. Des familles qui sortent accueillir le printemps dans les près, les champs, les forets, là où poussent un brin d'herbe. Malheureusement la verdure retrécie d'année en année. Des paniers en paille, tissées à la main, de toutes les formes, sont portés par des petits et des femmes contenant des confiseries, des gâteaux, des bonbons, des chocolat... Une fois arrivée sur les lieux, des jeux sont élaborés et surtout celui de se rouler dans l'herbe Aglilez tefsut à la gloire des déesses de la nature. Les familles passent toute la journée en plein air et se nourrissent des plats préparés la veille. Ces plats préparés uniquement pour cette occasion, l'on retient en premier lieu, Lambardja ou El Bradj, une galette aux dattes écrasées fourrée entre deux couches de galette, bien pétrie et cuite sur un tadjine d'argile. Le deuxième plat, mangé dans la soirée au dîner la Zeriga, galette émiettée et baignant dans le beurre et le lait, ou encore la galette au jaune d'œuf et du Chiwchiw, du couscous avec des herbes ramassées le jour même dans les champs. Après le dîner d'ouverture et l'accueil coloré de Tafsut, la saison démarre par une période de dix jours dénommée les journées rouges Tizegwaghine.