La femme algérienne a, depuis l'Indépendance, parcouru un long chemin semé d'embûches certes, mais couronné de beaucoup de succès et de satisfactions. Le hic, c'est ce paradoxe qui fait qu'aujourd'hui encore le taux des femmes instruites qui travaillent est plus élevé que celui des hommes, alors que ces derniers restent plus nombreux à occuper les postes de responsabilité. Pour preuve, le nombre de femmes qui travaillent a plus que doublé pour atteindre 17,5% en 2013. L'accès aux postes de responsabilité et de décision reste aujourd'hui, le seul bémol, dans l'emploi de la gent féminine. Le taux ne dépasse pas en effet les 9%. Une scolarisation massive des filles, un recul de l'analphabétisme et les mutations socio-économiques que connaît le pays, sont autant de facteurs qui concourent à une redynamisation du marché de l'emploi en général et l'activité féminine en particulier, selon la directrice de la population et de l'emploi auprès de l'Office national des statistiques (ONS). L'effectif des femmes occupées a été multiplié par 10 en l'espace de 36 ans (1977-2013). La part de l'emploi féminin sur l'emploi total a plus que doublé passant de 7,6% en 1977 à 17,6% en 2013, alors qu'au lendemain de l'indépendance, ce taux ne représentait que 5,2%, précise Mme Lakehal. La population occupée est estimée à 10 788 000 personnes, soit un taux d'occupation de 28%. Les femmes constituent 1 904 000 occupées, atteignant ainsi 17,6% de la population occupée totale. Le taux d'emploi (rapport population occupée à la population âgée de 15 ans et plus) est de 39% au niveau national, 63,7% chez les hommes et 13,9% chez les femmes. Le niveau d'instruction universitaire constitue pour la femme le garant pour accéder au marché de l'emploi. Les données fournies par l'ONS montrent, pour leur part, que le taux des femmes instruites occupées est plus élevé que celui enregistré chez les hommes. On apprend, ainsi que 40,3% ont un niveau universitaire et 25% un niveau secondaire, contre 11% et 21,1% chez les hommes. Ces données statistiques confirment l'évolution de l'intégration de la femme dans le monde du travail et sa présence dans le monde de l'emploi, représentant 19% de la population active totale en 2013. Ainsi, la population active a été estimée à près de 11 964 000 personnes dont près de 2,27 millions sont des femmes, soit 19% de la population active totale en 2013, précise encore Mme Lakehal. Paradoxalement, sur ce taux d'activité économique féminin peu de femmes accèdent aux postes de responsabilité : les femmes directrices, cadres de direction et gérantes ne constituent que 9% de l'ensemble de cette catégorie, selon l'ONS. L'Office a relevé également que la gent féminine est plus touchée par le chômage, puisque son taux a atteint 29,1% en 2013, alors que la moyenne nationale était de 9,8%. L'absorption de cette demande massive de travail féminin, sous le double effet de l'accroissement démographique et de l'amélioration du niveau d'instruction, impose, selon Mme Lakehal, un débat sur l'adéquation entre la formation universitaire et l'offre de l'emploi.