Bien que l'Union européenne ait étalé une fois de plus ses divisions, elle a poursuivi, imperturbable, la marche vers son élargissement. Moins de deux mois après l'adhésion de dix nouveaux Etats membres, le Conseil européen réuni à Bruxelles a envoyé un net signal d'encouragement à la Turquie. Il a octroyé le statut de candidat à la Croatie, qui pourra entamer ses négociations d'adhésion en janvier 2005. Et il a réaffirmé que la Bulgarie et la Roumanie étaient attendues dans l'Union ensemble, en janvier 2007. Si ces quatre pays parvenaient à remplir les conditions posées, l'UE compterait 29 Etats membres dans quelques années. Sans compter d'autres pays qui, comme la Macédoine, frappent déjà à sa porte. Parmi les impétrants, la Turquie est le plus lourd à digérer. Le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, venu comme observateur à Bruxelles, a révélé son objectif d'ouvrir des pourparlers d'adhésion avec l'Union en mars 2005. Les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Cinq se sont gardés de lui donner une date, pour le moment. L'échéance ne cesse pourtant de se rapprocher. L'UE a souligné «son engagement d'ouvrir sans délai des négociations d'adhésion avec la Turquie». Pour cela, le Conseil européen a réaffirmé qu'il déciderait, en décembre prochain, si Ankara satisfait aux critères usuels concernant l'économie de marché, le respect des droits de l'homme, la démocratie et la protection des minorités. Les Vingt-Cinq devront se prononcer sur la base d'un rapport que la Commission doit leur remettre en octobre. Ils se sont félicités à ce propos «des avancées majeures réalisées par la Turquie en matière de réformes». Ils ont «souligné l'importance de mener à bien les travaux législatifs restants». Ils ont, en outre, appelé la Turquie à veiller à «la mise en ?uvre intégrale» des réformes votées. Le Premier ministre Erdogan a assuré que le nécessaire serait fait avant le Conseil européen de décembre. «Nous pensons que nous sommes prêts à entamer les négociations, a-t-il dit. Nous prendrons les mesures qui s'imposent en ce qui concerne la mise en ?uvre des réformes.» La Croatie, quant à elle, pourrait être la seconde République issue de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie à entrer dans l'Union, après la Slovénie le mois dernier. Le Conseil européen a «conclu que la Croatie est un pays candidat à l'adhésion». Il a convoqué une conférence avec des représentants de Zagreb «au début de 2005, afin d'entamer les négociations». Optimiste, le Premier ministre croate, Ivo Sanader, a affirmé que son pays ambitionnait de rattraper la Bulgarie et la Roumanie afin d'adhérer en même temps qu'elles, en 2007. Les événements s'accélèrent aussi avec la Bulgarie et la Roumanie. Sofia a clos lundi dernier ses négociations d'adhésion avec l'UE. Bien que Bucarest n'espère pas le faire avant la fin de cette année, le Conseil européen a refusé de dissocier les deux candidatures. L'UE a affirmé son «objectif» de voir la Bulgarie et la Roumanie adhérer en janvier 2007. Les deux traités d'adhésion devront être signés «dès que possible en 2005» afin de laisser du temps pour leur ratification. L'UE a prié les deux pays de tenir leurs engagements «en temps voulu», avant l'adhésion effective.