Diagnostic ■ L'Algérie n'a pas choisi la bonne voie pour la prise en charge des insuffisants rénaux. Intervenant au forum du journal DK News, des spécialistes ont exprimé leurs inquiétudes par rapport à la prise en charge actuelle des malades souffrants de maladies rénales dont une majorité sont hémodialysés. Du fait du coût exorbitant de l'hémodialyse avec toutes ses contre-indications, ils estiment que notre pays n'a pas choisi la bonne voie pour la prise en charge de ces malades. Pour le Pr Farid Haddoum, chef de service de néphrologie au CHU Nafissa-Hamoud (ex-Parnet-Alger) : «Nous sommes encore en retard en matière de transplantation rénale. Nous sommes vraiment à la traîne», a-t-il indiqué à la presse. «Nous avons toujours proposé pour que des financements soient mis en place pour développer les méthodes les moins chères dont la meilleure reste la greffe rénale», a-t-il insisté. Le Pr Haddoum a comparé, dans son intervention, le coût de l'hémodialyse par rapport aux pays riches. En 2013, pour les 18 000 hémodialysés, l'Algérie a consenti selon l'intervenant 300 millions d'euros. Pour la dialyse péritonéale 2 millions d'euros ont été déboursés et 500 000 euros pour 1 000 transplantations rénales. En 2002 notre pays comptait 4 000 malades traités par hémodialyse, dialyse péritonéale ou par transplantation. Ce chiffre est passé à 13 400 malades traités en 2010 et à 19 400 malades en 2013. «Notre pays ne fait que de l'hémodialyse avec très peu de greffés», se désole-t-il. La liste d'attente pour une greffe rénale ne fait qu'augmenter. Le nombre de dialysés augmente et celui des greffés stagne. On estime aujourd'hui qu'un seul malade hémodialysé coûte 19 000 euros par an. Un transplanté coûte pour la santé 4 400 euros et l'hémodialysé coûte 5 fois plus cher. Il estime qu'il faut désormais «mettre fin au monopole de l'hémodialyse et sortir la néphrologie comme l'urologie de ce ‘ghetto'». Du même avis, le Pr Zerhouni, chef du service de réanimation au sein de l'EHS Dr-Maouche (ex-CNMS Clairval-Alger ) a annoncé que son service a pu réaliser 308 transplantions rénales de 2007 à ce jour dont 68 en 2013. Il voit que la greffe doit être intégrée comme une obligation de santé publique car nous avons des gens capables. La volonté existe chez nous, «le prix de l'hémodialyse saigne le pays et on utilise aussi l'argent de la Cnas. C'est beaucoup», a-t-il rétorqué, appelant à persuader les citoyens à donner leurs organes à partir de donneurs vivants et arriver à des donneurs à partir de morts encéphaliques.