Evidence ■ Si les Algériens ne maîtrisent pas les langues étrangères, c'est parce qu'on les a mal enseignées. Des personnes, appartenant à toutes les couches sociales, fournissent des efforts et payent des sommes importantes pour apprendre telle ou telle langue. Vieux, jeunes et enfants suivent des cours d'apprentissage dans des centres, des instituts et différentes écoles privées. Un phénomène social qui ne laisse pas indifférent. Une enquête sur le terrain nous a permis de classer les personnes inscrites pour l'apprentissage des langues étrangères dans trois catégories. Dans la première, on trouve ce qu'on appelle les scolarisés, c'est-à-dire ceux qui poursuivent leur cursus scolaire au primaire, au moyen ou au lycée. Ces enfants apprennent les langues dans le cadre de ce qui est communément appelé les cours de soutien. Conscients de l'importance des langues étrangères, leurs parents les incitent à suivre des cours pour améliorer leur niveau dans les langues, particulièrement à l'approche des examens de fin d'année. Dans la seconde catégorie, on retrouve ceux qui suivent des études supérieures. Dans celle-ci, on distingue deux types d'étudiants : ceux qui ont les langues comme spécialité et ceux qui se sont spécialisés dans d'autres filières. Dans la troisième catégorie, on trouve les extra-universitaires. Ces derniers sont soit des travailleurs activant dans différents secteurs, soit des candidats à la recherche d'un emploi. Parmi les langues étudiées par nos concitoyens, figurent les langues scientifiques et académiques, et celles appelées «langues des affaires». Les premières sont les langues enseignées d'une manière officielle. Par contre, les secondes sont les langues qui ne sont pas enseignées dans les programmes officiels. Cet engouement pour les langues étrangères suscite la question suivante : y a-t-il une politique en matière d'enseignement des langues étrangères chez nous ? Il nous semble utile, ici, de souligner que, quelques temps après sa désignation comme ministre de l'Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed s'est demandé pourquoi nos élèves ne maîtrisaient pas les langues étrangères, notamment le français. A ce titre, il faut, tout d'abord, souligner que le français considéré, chez nous, comme un butin de guerre a perdu beaucoup de terrain face à l'anglais. Ensuite, et à titre de rappel, il y a lieu de dire que les enseignants des langues étrangères, avec l'avènement de l'islamisme politique, ont été une cible privilégiée des islamistes. Certains d'entre eux ont été, durant la décennie noire, menacés, d'autres lynchés et beaucoup d'autres assassinés. L'acharnement dont a fait l'objet l'enseignant de la langue étrangère, dans une école devenue, durant cette période, une base de propagande intégriste et baâthiste, a fini par pousser un nombre considérable de nos meilleurs enseignants à quitter le pays, à la recherche d'un ciel plus clément. Par ailleurs, il est à rappeler, dans ce contexte, que les programmes scolaires et la méthodologie adoptée dans l'enseignement des langues n'ont pas cessé d'être décriés par les spécialistes.