Alger Dans l?obscurité, à l?entrée de l?immeuble, une main armée d?une lame effilée s?acharne sur une dame qui vient de s?effondrer sur le sol. Malika, 57 ans, gît dans une mare de sang, Lamia une jeune fille brune de 25 ans, les cheveux coupés court, est penchée sur elle. En se relevant, elle a un rictus de haine qui disparaît finalement pour laisser place à une expression de sérénité. Elle est comme soulagée, dans ce déchaînement de cruauté. Elle voit se libérer une obsession infernale qui avait fait d?elle un fauve assoiffé de sang à l?âge où toutes les jeunes filles ne rêvent que d?amour, au point de sacrifier la seule personne qu?elle aimait au monde. Celle qui lui avait fait découvrir, deux ans plus tôt, l?amitié. Quelques jours plus tard, Lamia racontera à l?inspecteur de la criminelle que c?est à 23 ans, en 2001, qu?elle a débarqué à Alger et a même loué un petit réduit niché dans la cour de l?immeuble où vivait seule Malika, une veuve. Une voisine a affirmé que la jeune fille avait l?air d?une enfant perdue, d?une orpheline. Lamia rentrait tous les soirs vers 19 h de l?hôpital où elle était femme de ménage. Un soir, Malika engage une conversation avec la jeune fille. Cette dernière lui répond avec réticence. Visiblement, elle est encore sauvage, renfermée. Seulement, dans son élan généreux, la veuve multiplie les invitations à dîner pour l?apprivoiser. Peu à peu, une amitié solide s?établit entre les deux femmes. Cependant, Lamia demeure avare en confidences. Elle consent juste à dire qu?elle est née dans une ferme, à la campagne où elle vivait l?enfer, parce que ses parents passaient leur temps à se chamailler. Malika n?a, à aucun moment, douté que cette fille, si jeune, si belle, mais si mélancolique, cachât un affreux secret ! Dans son enfance, un effroyable événement l?avait vouée à un destin maudit. Tout commence par un soir de mars 1985, le père de Lamia, d?une avarice sans nom, est saisi d?une colère simplement parce que sa femme a acheté de la viande pour le dîner. Il s?empare d?un couteau et se précipite sur sa malheureuse compagne, une folle poursuite s?engage alors autour de la table. Lamia, qui a alors 5 ans, est muette de saisissement. Elle assiste à la scène sans mot dire. Apeurée, ahurie et bouleversée à la fois, elle s?évanouit, ce qui détourne un moment l?attention de son père. A cet instant précis, sa mère profite pour s?échapper. Après cette crise de fureur tout semble être rentré dans l?ordre. Bien des années après, Lamia a grandi, mais, malheureusement, la scène du couteau est profondément gravée dans son esprit, souvent, ses nuits ne sont que cauchemars où elle revoit l?image de son père grimaçant de haine et brandissant une lame brillante. (à suivre...)