Musique ■ Le ton était donné, hier à la salle Ibn Zeydoun, au jazz, pas n'importe lequel, puisqu'il s'agissait d'un jazz fusion, un jazz associé à la musique manouche, voire tzigane. Un jazz bohémien. C'était le groupe français «Marc Campo Trio» qui, l'instant d'une soirée, a admirablement revisité des standards du jazz manouche. En fait, la soirée d'hier consistait à rendre, à travers ce récital tout en beauté, un hommage à celui qui a donné au jazz manouche une touche personnelle, à savoir Django Reinhardt, ce prodigieux guitariste – un virtuose de la guitare – qui a su allier avec beaucoup d'imagination les airs tziganes aux sonorités jazz. Une combinaison ayant marqué les annales de la musique jazz. Celui qui, devenant une légende du jazz manouche, a laissé derrière lui un héritage musical impressionnant. Ainsi, le public algérois, qui a répondu favorablement à l'invitation, a vu se produire sur scène «Marc Campo Trio», un groupe qui, en hommage à Django Reinhardt, a su faire de la musique dans la pure tradition du jazz tzigane. Il s'est montré doué et éclectique, toujours inscrit dans la continuité de l'héritage du jazz marseillais, celui préconisé par Django Reinhardt dans les années 1930. En effet, son style de jeu et de composition a donné naissance à un style de jazz à part entière : le jazz manouche. Django Reinhardt est d'ailleurs considéré comme celui qui est peut-être son plus illustre représentant. Le trio – deux à la guitare et un autre à la guitare-basse – a su susciter l'attention du public qui, durant toute la durée du récital, s'est laissé emporter par la sensibilité de cette musique profonde, sincère et poussée par une extraordinaire harmonie. D'ailleurs, le spectacle, une belle performance musicale, mêlant composition personnelle et standards puisés dans le répertoire de Django Reinhardt, un inépuisable répertoire connu de tous et chanté par tous, a pour thème : «Cordes sensibles» - ce spectacle est imaginé par le groupe en 2011 comme un retour aux sources du «jazz manouche», et cela a été une occasion inattendue, tant espérée par les amateurs de ce style musical de le faire découvrir au public algérois, et ce, à l'initiative de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel. Il s'agissait là d'un aperçu de choix de ce genre musical unique. Les cordes, celles de la guitare, qui, touchées, grattées, confèrent au jeu de l'entrain, du caractère, de l'esprit et de la couleur. Par son jeu juste et avéré, un jeu séducteur, puisqu'il a émerveillé l'assistance, le trio a tenu à garder, et ce, en dépit de sa touche personnelle, toutes les saveurs d'une musique ancrée dans l'authenticité et caractérisé par une absence de percussions. Il a su allier virtuosité et maîtrise dans l'exécution de morceaux. Le trio a partagé avec le public réceptif et enthousiasmé des moments inoubliables, une musique profonde, de grande qualité technique et d'une richesse en sonorités. C'était un spectacle unique. Jean Reinhardt, alias Django Reinhardt, est un guitariste de jazz français, né le 23 janvier 1910 à Liberchies en Belgique et mort le 16 mai 1953 à Samois-sur-Seine en France. Depuis la fin du XXe siècle et le début du XXIe, le style de Django Reinhardt revient à la mode. Il est considéré, avec Charlie Christian, Joe Passet et Wes Montgomery, comme l'un des meilleurs guitaristes de jazz. Sa musique, celle qu'il a imaginée en intégrant les sons des guitares dans l'orchestration de jazz, reste une source d'inspiration unique et inépuisable pour plusieurs générations d'artistes, bien au-delà de la seule communauté tzigane : Django Reinhardt devient une référence majeure pour des guitaristes comme Mark Knopfler, Andrès Segovia ou Jimi Hendrix, qui avait appelé son groupe Band of Gypsys en hommage à Reinhardt.