C'est l'heure du sprint: le Real Madrid, leader de la Liga, accueille le Barça pour un clasico décisif, ce soir à 21h, lors de la 29e journée, qui pourrait écarter les Catalans de la course au titre ou les relancer avant l'emballage final. Six longueurs d'avance sur le Real il y a cinq mois, quatre de retard aujourd'hui : les temps de passage jouent en défaveur du Barça, sacré champion d'hiver mais désormais troisième derrière le leader madrilène et son dauphin, l'Atletico. Dans le doute en début de saison, le Real n'a plus perdu le moindre match toutes compétitions confondues depuis sa défaite au Camp Nou à l'aller. Tandis que le Barça, jusque-là solide, a concédé cinq revers, dont quatre en Liga, et doit à tout prix gagner ce soir. «Il est probable que ce soit la dernière occasion que nous ayons parce qu'il ne restera ensuite que neuf matches», a souligné l'entraîneur barcelonais, Gerardo Martino, samedi. Avec une victoire au Ber-nabeu, le Barça recollerait à un petit point de la tête. Une défaite, en revanche, le distancerait à sept longueurs du Real, un écart trop difficile à combler de l'aveu même de Martino. Mais en face, le Real est en position de force : un match nul lui suffit pour maintenir le club catalan à distance et ne pas céder la première place à l'Atletico. Ancelotti : «Un RDV très spécial» «Un clasico est vraiment un rendez-vous très spécial et je sais que beaucoup d'entraîneurs aimeraient être à ma place aujourd'hui. L'atmosphère qui entoure ce match est particulière. C'est pour moi une grande émotion et ma motivation est énorme. J'espère commettre le moins d'erreurs possibles pour pouvoir l'emporter. Au match aller, nous n'avions bien joué qu'à la fin de la rencontre. Ce n'était pas suffisant. Face au Barça, il convient d'être au top durant 90 minutes. Pour cela, je pense que le milieu de terrain sera essentiel. L'équipe qui contrôlera ce secteur aura de grandes chances de gagner. Et je compte aussi sur ce petit avantage que représente le fait de jouer à la maison». Martino : «Notre dernière chance» «Il est probable que ce soit notre dernière chance puisque, après cette rencontre, il ne restera que neuf journées à disputer. À ce niveau-là de la saison, les équipes qui jouent le titre ne peuvent pas chuter autant de fois. Sept points, ça me semble beaucoup. Déjà que 4, ça me paraît beaucoup, non pas parce qu'on ne pourrait pas revenir, mais parce qu'il reste trop peu de temps pour le faire. Nous attendons de Messi qu'il fasse un grand match, car on connaît son importance dans le système du Barça. Je pense aussi que Neymar a fait un grand match face à City. Je confirme donc que, pour moi, il fait partie des cinq meilleurs joueurs du monde». La présence «Cracks» en jambes Chose rare à ce stade de la saison, aucun grand absent n'est à déplorer pour ce clasico : Real et Barça devraient aligner leur équipe de gala et se livrer à une explication entre «cracks». Côté madrilène, le Français Karim Benzema est rétabli d'un coup reçu à une cuisse et reformera le trident offensif «BBC» avec Bale et Cristiano - 50 buts à eux trois en Liga. Le Portugais arrive à pleine vitesse : il a marqué lors des six derniers matches du Real, dont un doublé mardi en Ligue des champions contre Schalke 04 (3-1). Côté barcelonais, le défenseur Gerard Piqué fait son retour, tandis que Neymar, en manque de réussite ces derniers temps, devrait épauler en attaque Messi. Après un triplé contre Osasuna (7-0), l'Argentin semble en pleine forme au meilleur moment, de même qu'Andres Iniesta, l'un des meilleurs Barcelonais en 2014 malgré les performances en dents de scie du Barça. Le duel Ancelotti - Martino, deuxième manche Le clasico de la phase aller (2-1) avait donné lieu à des coups tactiques pas forcément couronnés de succès : Sergio Ramos au milieu de terrain et Messi sur l'aile droite. Mais Martino comme Ancelotti ont eu le temps depuis de dégager un onze-type. Ainsi, l'Italien devrait reconduire son triangle Modric-Xabi Alonso-Di Maria dans l'entre-jeu tandis que l'Argentin alignera ensemble ses meilleurs manieurs de ballons Fabregas-Iniesta-Xavi pour tenter de confisquer la possession, une stratégie qui avait fonctionné à merveille en C1 contre City. Les deux effectifs, selon Ancelotti, ont des joueurs qui peuvent faire basculer le match : «Celui qui jouera le mieux gagnera». Pour Martino, la clé sera dans la construction du jeu. Pour Ancelotti, dans la domination au milieu de terrain. Le Barça misera sur sa capacité à jouer dans les espaces réduits, le Real tentera de profiter de sa vitesse en contre-attaque et de la faiblesse catalane sur coups de pied arrêtés. L'abritrage Le Barça chagriné par le choix de Mallenco On connaît l'arbitre du clasico. Il s'agit d'Undiano Mallenco. Cela ne plaît pas à tout le monde, surtout en Catalogne. Comme le rappellent El Mundo Deportivo et Sport - les deux quotidiens catalans -, les Blaugrana auraient notamment en travers de la gorge la finale de la Copa del Rey 2011, remportée par le Real Madrid (0-1) et arbitrée par Undiano Mallenco. Ce dernier avait annulé un but de Pedro et surtout laissé Pepe imposer son jeu physique. Mais il faut aussi se souvenir que Mallenco était l'arbitre du fameux 2-6 signé par le Barça à Bernabeu, en 2009. L'aubaine L'Atletico, premier bénéficiaire du clasico ? Et si le vainqueur du clasico était l'Atletico ? Le club «colchonero», deuxième derrière le Real Madrid, peut en effet reprendre les commandes du championnat d'Espagne ce week-end en battant ce soir le Betis Séville et en espérant un revers du leader merengue face au FC Barcelone. «Beaucoup de gens oublient que nous avons un autre adversaire très dangereux, l'Atletico Madrid, qui peut profiter de cette rencontre», a prévenu samedi Ancelotti. En effet, seulement trois points séparent la "Maison blanche" (70 points) de l'«Atleti» (67 pts) avant cette journée. Et les «Colchoneros» disposent d'un avantage non négligeable pour cette fin de saison: leur différence de buts particulière par rapport au Real. Ce qui leur offre de facto un point supplémentaire en cas d'égalité avec la «Maison blanche» qui n'est pas à l'abri d'être dépassée par les hommes de Diego Simeone au classement en cas de défaite ce week-end face au Barça. D'où un paradoxe : l'Atletico, futur adversaire du Barça en quarts de finale de la Ligue des champions, s'annonce comme son premier supporteur ce soir au Bernabeu.