Dans un village, vivait un roi qui avait une fille très belle. Pour pouvoir la marier avec quelqu'un de son choix, il décida de l'enfermer dans une case sans porte. Ainsi, il était sûr qu'elle ne tomberait pas amoureuse de n'importe qui. Les servantes lui donnaient ses repas par une minuscule ouverture par laquelle aucun homme n'aurait pu passer. Ce printemps là, les prétendants arrivaient de toutes les contrées pour essayer d'obtenir la main de la merveilleuse princesse. Le roi n'en trouvait aucun à son goût. L'un était trop pauvre, bien que fils de roi : «va-t-en, pantalon troué !» l'autre trop vilain : «Il est laid, on dirait un grain de riz», le suivant trop rustre «regarde moi ce gawou !» , et ainsi de suite. Une année passa et le roi n'avait toujours pas trouvé son gendre. Un matin, les servantes qui apportaient à manger à la princesse entendirent des pleurs de nouveau-né venant de la case. Affolées, elles accoururent chez le roi pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Le roi les menaça de leur couper la tête pour avoir osé porter atteinte à la dignité de la famille royale mais il dut se rendre à l'évidence : tout le palais avait entendu les cris de son petit-fils et ne parlait que de ça. Il envoya donc les gardes casser le mur de la case et ramener sa fille pour lui faire avouer le nom de l'infâme séducteur qui l'avait enceinté. La fille lui répondit qu'elle ne connaissait ni son nom ni son visage car elle le recevait dans l'obscurité de sa case sans porte ni fenêtre. Le roi décida de convoquer une grande assemblée dans le but de confondre celui qui a fait un enfant à sa fille bien aimée et de le tuer. Au jour du neuvième mois de son petit-fils, chacun vient chanter devant l'enfant les paroles suivantes pour que celui-ci désigne son père en marchant vers lui Nan djou oh, toï to toï, Nan djou oh, toï to toï, Bo ni ma djou èh, Mè nan yeh dji oh, toï to toï, toto toï, toï to toï, Enfant qui commence à marcher oh, A pas mal assuré, Enfant qui commence à marcher oh, A pas mal assuré, Si tu es mon fils, Marches et viens vers moi, A pas mal assuré, (ter) Tous les hommes de la tribu passent sans que l'enfant ne se manifeste. On fait donc venir ceux des tribus voisines, mais aucun n'est le père. Finalement, le roi se résigne à soumettre les animaux de la forêt à l'épreuve. Dans son orgueil de roi, il fait passer en premier les animaux les plus forts mais le chant du lion, de l'éléphant ou du léopard ne font qu'effrayer l'enfant. Arrivé à l'écureuil, l'assemblée rigolait parce qu'il n'avait pas l'air d'être capable de séduire et d'enceinter la belle princesse. Malgré les quolibets de la foule, l'écureuil entonne la chanson et aussitôt, le « Nan djou », qui écoutait avec attention, se lève et va «toï to toï» vers son père. Un long silence se fit dans la foule stupéfaite. Avant, que les gardes du roi n'aient réalisé ce qu'il se passait, l'écureuil prend son fils et disparaît dans les arbres. En fuyant, le bracelet de l'enfant tombe dans un champ d'arachide. C'est pourquoi, quand on croise un écureuil entrain de fouiller dans un champ d'arachide, il montre son bras pour dire qu'il cherche le bracelet de son fils avant de se réfugier dans les arbres. D'autres que les Wobé diraient que l'animal fait un bras d'honneur au propriétaire du champ dont il a mangé les graines... Contes d'afrique