Fréquentation ■ On ne trouve pas que des criminels sur le Darknet. Comme tout espace public, celui-ci est fréquenté par des personnes aux profils divers et variés. Comme il y a des faussaires et des trafiquants en tout genre, il y a des gens qui n'ont pas forcément des intentions criminelles. S'ils se sont retrouvés sur ces réseaux, c'est surtout pour échapper à toute forme de surveillance. Il faut dire que de plus en plus d'Etats, y compris ceux qui se prétendent être les plus démocratiques au monde à l'instar des Etats-Unis d'Amérique, espionnent les utilisateurs d'Internet via Google ou Facebook, entre autres. Pour ces défenseurs du droit d'avoir une vie privée même sur la Toile, le Darknet est un excellent outil mis à la disposition des internautes désireux d'exprimer librement leurs pensées et opinions tout en restant anonymes. «Au départ, il a été conçu comme un espace de liberté, la discrétion y est de mise et tout y est fait pour protéger l'anonymat des intervenants», affirme à ce propos Jean Harivel. Selon lui, le Darknet a été créé pour aider les dissidents chinois à communiquer entre eux sans pouvoir être identifiés. Aujourd'hui encore, beaucoup d'opposants et de militants politiques l'utilisent à travers le monde. Mais pas seulement. Des centaines de milliers de citoyens lambda en butte à la censure de l'Internet dans leur pays y recourent également. Last but not least, de plus en plus de journalistes s'appuient sur le Darknet pour faire leur travail sans courir le risque d'être repérés par des régimes répressifs, ni exposer leurs sources d'information à d'éventuelles représailles. «C'est un besoin légitime pour certains acteurs d'avoir des plateformes sécurisées, anonymisées. Quand je bosse avec Wikileaks, je bosse sur le Darknet», a déclaré à ce sujet Jean-Marc Manach, journaliste spécialiste des questions de surveillance et de vie privée. Sur ce registre, il y a lieu de noter que Tor fait partie des outils recommandés par Reporters sans frontières (RSF) qui forme des journalistes dans les pays particulièrement surveillés.