Résumé de la 111e partie ■ En rentrant chez elle; Chantal réfléchissait à la lettre qu'elle a reçue quand elle aperçut le Révérend David Hall... Seulement, ces derniers temps, il nous a dit être très absorbé, par d'importants travaux de laboratoire. Agathe en était très chagrinée... Je suis tellement bavard que je ne vous laisse pas écrire votre lettre ! A tout à l'heure ! Assise devant le bureau ; Chantal se sentait dépaysée : dans ce cadre, elle n'était plus à Makogaï, mais en Angleterre. Ce ne fut qu'après avoir relu encore une fois la lettre de Mme Royer qu'elle se retrouva dans l'ambiance nécessaire pour bâcler sa réponse. Mais elle n'arriverait jamais à en dire autant que la directrice de «Marcelle et Arnaud». En réalité, elle savait à peine écrire... Et l'orthographe ! Chantal n'avait jamais pu se familiariser avec elle. Dans son esprit, l'orthographe avait dû être inventée pour occuper les gens qui n'avaient rien à faire ou donner de mauvais points aux écoliers. Malgré cela, elle était gênée à l'idée que sa réponse serait bourrée de fautes et que Mme Royer s'apercevrait encore plus de son ignorance. Si elle restait longtemps à Makogaï, elle aurait beaucoup de lettres à envoyer à Mme Royer et il faudrait bien qu'elle apprît l'orthographe. A qui demander des leçons ? Au Révérend David Hall ! Il se moquerait d'elle et il y aurait de quoi ! Un pasteur anglais donnant des leçons d'ortographe à une Française de vingt-six ans !... A Marie-Ange ? La petite sœur avait beaucoup trop d'occupations et ne disposerait pas du temps nécessaire... A Fred ? Elle se sentirait humiliée aussi devant lui. A qui alors ? Pourquoi pas au Père Rivain ? Un aumônier catholique missionnaire devait sûrement écrire sans fautes d'orthographe. Il paraissait discret et ne soufflerait mot à personne du service qu'elle lui demanderait. C'était décidé : Chantal irait trouver le Père Rivain pour apprendre l'orthographe et guérir l'une des plaies dont souffrait son orgueil. Tout en prenant cette décision inattendue, elles s'était mise à écrire, sans réfléchir ; elle n'appartenait pas à cette catégorie de gens qui mûrissent une idée avant de l'exprimer. Elle se fiait à l'inspiration. Les quatre pages de papier pelure autorisées pour le poids aérien furent vite remplies ; Chantal avait l'impression qu'elle n'avait rien pu dire. Tant pis ! Elle écrirait une seconde lettre, beaucoup d'autres lettres... L'important était que la première partît. Elle achevait de mettre l'adresse sur l'enveloppe quand le pasteur revint avec le plateau de thé. — J'ai fini ! annonça triomphalement la jeune femme, comme si elle venait d'accomplir un acte, surhumain. En réalité, elle avait dû accomplir un effort physique pour écrire : les articulations de ses doigts fonctionnaient mal. La lèpre progressait. (A suivre...)