Résumé de la 86e partie ■ Il reviendra à la charge et ce serait lui, David Hall, qui baptiserait Chantal, avec l'eau de la cascade de Makogaï, pour en faire une wesleyenne. Quand ce dernier lui avait parlé de sa femme, elle avait d'abord été quelque peu interloquée, mais s'était souvenue ensuite avoir entendu dire que les pasteurs avaient le droit de se marier. Elle trouvait cela beaucoup plus normal, après tout, que la situation des prêtres catholiques. Selon elle, il n'y avait, qu'un léger inconvénient pour le Révérend Hall : son épouse paraissait, à distance, d'une humeur exécrable ! Chantal se représentait très bien cet apôtre et ce consolateur des âmes assis à table entre Mrs. Hall et la rousse Agathe : l'excellent homme ne devait plus avoir le droit d'ouvrir la bouche et restait peut-être le nez plongé dans son assiette. Chantal ne se trompait pas. Le lunch fut des plus orageux dans la maison du pasteur. Après un début lourd de silence, la voix aigre de Mrs. Hall demanda : — David, qui était cette personne blonde avec laquelle vous avez parlé si longuement devant la porte de notre jardin ? — Une nouvelle pensionnaire de la léproserie, répondit laconiquement le Révérend David Hall. — Vous n'allez pas me dire que cette femme a la lèpre ? — Croyez-vous qu'elle serait ici pour faire un voyage d'agrément ? — Cette femme est une lépreuse, David, et j'ai vu le moment où vous alliez l'inviter à prendre une tasse de thé ! — Pourquoi n'aimerait-elle pas le thé ? Cette dame a vécu jusqu'à ces derniers temps dans notre vieille Europe où l'on sait encore apprécier ce breuvage à sa juste valeur... — Père, demanda la rousse Agathe, est-elle Anglaise ? — Non, Française, et même Parisienne. — Ça ne m'étonne plus qu'elle soit si élégante ! lâcha Mrs. Hall avec une pointe de fiel. — Je l'approuverai toujours, affirma le pasteur, de vouloir sauver la face et de ne pas s'abandonner au laisser-aller vestimentaire de la plupart des habitants de cette île. — J'espère que ce n'est pas pour nous que vous parlez, David ? — Il n'est pas question de vous, ni d'Agathe, qui êtes certainement les personnes les mieux habillées de Makogaï. Ce cher Dr Watson m'en faisait encore la remarque la semaine dernière... Mais, attention, Agathe ! Cette jeune et jolie Française va vous faire de la concurrence. — Oh ! père, vous ne voulez pas dire que Fred ? demanda Agathe rougissante. — Votre fiancé est un homme suffisamment sain de corps et d'esprit, déclara le pasteur, pour ne pas s'intéresser à une malade. — Naturellement, cette Parisienne est catholique ? demanda Mrs. Hall. (A suivre...)