Résumé de la 120e partie ■ Chantal est surprise quand le Père Rivain lui demande si elle sait coudre... Je vous ai apporté tout ce qu'il faut : du fil, des aiguilles, de la toile... Oui, les bébés de Makogaï préfèrent la toile à la laine : ils ont toujours trop chaud ! Ajoutez à ces instruments de travail cette petite brochure, que j'ai volée à sœur Marie-Sabine, et dont le titre fait mes délices : Pour préparer l'arrivée de Bébé... Vous y trouverez toutes les indications nécessaires pour la confection de la layette. — De quel enfant ? demanda Chantal. — De l'enfant d'une lépreuse néo-zélandaise, chère Madame. Cette pauvre femme est arrivée lépreuse et enceinte par le même bateau que vous. J'ai pensé que vous sauriez vous pencher sur la misère et que vous feriez une excellente marraine de l'enfant, puisque vous n'en avez pas vous-même. Il n'y a pas de temps à perdre : l'heureux événement est prévu pour la semaine de Noël. Vous verrez que le Père Noël va nous apporter dans sa hotte un petit Jésus en chair et en os pour ma pauvre crèche. — Où est actuellement la future maman ? — A l'hôpital, où sœur Sabine l'entoure de mille petits soins : une jeune femme qui attend la venue d'un enfant devrait être gardée et servie uniquement par des anges... Acceptez-vous ma proposition ? — A une condition, mon Père. C'est qu'en échange, vous veniez me donner régulièrement des leçons d'orthographe. Oui, je vous confie ce secret : j'ignore beaucoup de choses. — Je m'en suis aperçu en vous voyant faire le signe de la Croix. — Ça, encore, je puis m'en passer, avoua Chantal très franchement, mais l'orthographe ! Je suis terriblement handicapée pour répondre aux lettres d'Europe. Acceptez-vous à votre tour ? — J'accepte ! Nous commencerons les leçons demain : je viendrai tous les jours après déjeuner. Mais vous, commencez tout de suite votre layette. A demain, mon enfant, et bon courage ! — Mon Père ! cria Chantal, au moment où l'aumônier descendait l'escalier, soyez assez gentil pour ne confier à personne que vous me donnez des leçons d'orthographe ! — Même si je le disais, on ne me croirait pas ! Belle et fine comme vous l'êtes ! Je me tairai : les prêtres ressemblent étrangement aux médecins dans le domaine du secret professionnel. La seule différence est que si le secret des seconds regarde le corps, celui des premiers ne s'intéresse qu'à l'âme. Restée, seule, Chantal se demandait si elle rêvait ? Sa lèpre réussissait le miracle de l'obliger à se dévouer pour les autres. Ce n'était pourtant pas un rêve : les aiguilles, le fil, la toile étaient bien là, devant elle, sur la table, avec la petite brochure qu'elle commença à feuilleter. (A suivre...)