Résumé de la 80e partie ■ Le Dr Watson décide que le traitement de Chantal se ferait non pas par voie orale, mais par des injections... Il n'est pas nécessaire d'être croyant pour pénétrer dans une église, ajouta la Mère Marie-Joseph. Chantal hésitait et regarda Marie-Ange. Les yeux de la petite sœur semblaient dire : «Entrez toujours. Cela ne vous engage à rien.» — Je vous laisse, déclara Marie-Ange, c'est l'heure des pansements dans la salle commune de l'hôpital. Demain matin je serai chez vous à neuf heures pour votre première piqûre. «Marie-Ange !», faillit crier Chantal, qui se retint et regarda sa nouvelle amie s'éloigner en compagnie de la Supérieure. Elle aurait voulu que la petite sœur au nom si doux, ne la quittât jamais et restât auprès d'elle pendant tout son séjour à Makogaï ; elle savait qu'en compagnie d'une créature pareille, l'île des lépreux pouvait presque faire figure, d'île enchantée... — Sœur Marie-Ange incarne ce que j'ai vu de plus pur à Makogaï, lui confia le Père Rivain. Faites-en votre amie et vous passerez mieux les heures difficiles. En pénétrant dans l'église, l'aumônier se signa Chantal le regardait faire avec curiosité. — Faites comme moi, lui dit à voix basse : le Père Rivain, ça ne peut pas vous faire de mal ; Chantal fit un signe de croix, gauchement. L'aumônier ajouta : — Evidemment, pour exécuter correctement certains gestes, rien ne vaut la pratique ! Malgré tout, s'il vous arrivait un jour de vous sentir très seule dans votre maison blanche, n'hésitez pas à pénétrer dans cette église où il y a toujours quelqu'un qui vous attend : bien que vous ne le voyiez pas, il habite dans ce modeste, tabernacle que vous apercevez sur l'autel. Il s'appelle Notre Seigneur, Jésus-Christ et possède ainsi dans le monde, un nombre incalculable de villégiatures. Les unes ressemblent à des palais, d'autres sont plus modestes : vous êtes dans une des plus humbles de ses demeures. Constatez vous-même que vous êtes presque mieux logée que lui à Makogaï ! Chantal ne l'écoutait plus : elle venait de découvrir, sur sa gauche, un petit monument qu'elle avait déjà vu une fois dans son, existence et qu'elle ne pourrait jamais oublier. — Vous admirez nos fonts baptismaux ? lui demanda le Père Rivain. Elle s'était approchée, sans répondre, de la cuve en pierre, dont la construction tranchait dans cette église en bois, et en caressait les contours avec amour. L'aumônier la contempla, assez étonné, mais ne lui posa aucune question : il venait de s'apercevoir qu'elle avait des larmes dans les yeux. Elle sortit brusquement de l'église sans prendre congé du missionnaire qui trouva quand même le moyen de lui dire, au moment où elle s'enfuyait : — C'est très aimable d'être venue me voir. J'irai prochainement vous rendre votre visite. (A suivre...)