Image ■ Samia dépose la craie et la brosse sur son bureau et promène son regard sur sa classe. Tous les élèves se mettent à trembler car ils savent qu'elle va interroger quelqu'un au hasard pour s'assurer que son cours a bien été assimilé. Mais ce jour-là, elle change de méthode. Elle se met au centre de l'estrade et lance : — Alors, tout le monde a bien compris cette méthode ? Ses quarante élèves de première année secondaire répondent «oui» en chœur. Elle s'apprête à s'asseoir comblée d'aise, quand elle voit Zakia, une de ses brillantes élèves, lever le doigt. — Oui, Zakia ? Je t'écoute. Il y a quelque chose que tu n'as pas compris ? — Non, non, j'ai tout compris, mademoiselle. Je voulais juste vous dire qu'il existe une méthode plus simple, qui ne demande pas autant de calculs. Samia blêmit. Zakia ne cesse de l'agacer. Elle aurait voulu lui interdire de parler mais elle a peur que ses élèves interprètent cette réaction comme une faiblesse due à ce qu'ils pourraient considérer comme une lacune dans ses connaissances. — Ah bon ? Il y a une autre méthode ? J'avoue que je ne la connais pas... Veux-tu passer au tableau pour la montrer à tout le monde ? — Oui, bien sûr. En une minute, la lycéenne de 16 ans a résolu une équation qui a nécessité plus de cinq minutes au professeur de mathématiques. Cette dernière, intérieurement contrariée, s'oblige à garder son calme. — Hum... C'est vrai, ta méthode est plus rapide, mais je préfère la mienne. Puis, elle lève les yeux et dit à ses élèves : — La méthode de votre camarade est effectivement plus rapide que celle que je vous ai apprise, mais c'est la mienne que vous utiliserez. C'est celle-là qui est prévue dans votre programme. Et puis ma méthode a le mérite de vous familiariser avec certains calculs que vous devez maîtriser. D'accord ? Un «naam oustadha» fuse de quarante gorges masculines et féminines. Puis, la cloche sonne. Les élèves commencent à quitter la salle et Samia appelle Zakia. Celle-ci s'approche du bureau. La prof la regarde et lui dit : — Je remplis d'abord le cahier de textes puis j'aimerais avoir une petite discussion avec toi. — D'accord, mademoiselle. Une fois que tous les élèves ont quitté la classe, Samia serre les dents et jette sur son élève un regard sévère. (A suivre...)