Mentalité ■ Beaucoup d'hommes arguent que la religion ne les empêche pas de contracter plusieurs mariages à la fois. Ils oublient cependant que l'islam appelle à la fidélité et à l'équité. Sans vouloir se substituer à un mufti, on croit savoir cependant que ce genre d'hommes, fort heureusement minoritaires chez nous, ne pensent finalement qu'à satisfaire leur plaisir. Il suffit d'observer, de regarder autour de soi, pour se rendre compte de cette réalité. Ne se souciant point des sentiments de leurs premières épouses, de ceux de leurs enfants, ces hommes ne pensent qu'à eux-mêmes et leur propre plaisir. Les résultats de la polygamie sont là : des enfants abandonnés, des épouses rejetées et des familles déchirées. Qu'en est-il du cadre juridique ? Les textes de loi consignés dans le code de la famille de 2005 ont été conçus pour ni interdire ni autoriser la polygamie. Mais de toute façon, les hommes polygames ou bigames n'enregistrent pas leur second mariage au tribunal par crainte que la première épouse ne le découvre, vu qu'il est dit clairement que le consentement de cette dernière est indispensable pour un second mariage. D'unions contractées à l'insu de la première épouse, naissent des enfants non reconnus par la loi. En dépit de l'interdiction par le ministère des Affaires religieuses de mariages par la Fatiha avant l'enregistrement de l'acte de mariage au niveau de la municipalité, beaucoup d'imams font fi de la loi. Dans ce contexte, les tribunaux ont eu à traiter plusieurs cas où les imams n'ont pas respecté la règlementation. Il est vrai que le mariage orfi, ou avec Fatiha qui est un mariage coutumier, qui se contracte toujours sans une inscription à l'état civil et, de ce fait, n'est pas reconnu par la loi, remplit toutes les conditions d'un mariage légal, à savoir la présence du tuteur, des témoins, mais il contourne tout de même la loi. Il aide l'époux à fuir ses responsabilités envers sa femme et ses enfants en cas de divorce. C'est ainsi que la femme ayant contracté un mariage orfi se trouve privée de ses droits les plus fondamentaux, dont le plus important est celui d'être reconnue comme épouse. Dans la société, on la considère comme une mère célibataire car il lui est difficile de plaider ses droits devant le tribunal. Et par conséquent, elle perd le droit à une pension alimentaire en l'absence de documents juridiques. Les grands perdants de cette relation conjugale sont les enfants. Ils sont considérés comme illégitimes, car leur filiation est difficile à prouver. Le mariage par la Fatiha vise à tromper la société au nom de la religion.