Technique La Convention de Genève ? Oui?, mais pas pour tout le monde. Il semble qu?on peut la transgresser pour les besoins de la lutte antiterroriste. Utiliser des chiens pour faire peur aux détenus, les maintenir dans des positions physiquement pénibles, les encagouler et les déshabiller : ces pratiques sont permises selon une liste qui répertorie les techniques d?interrogatoire autorisées par le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld le 2 décembre 2002. Employées à Guantanamo et en Afghanistan, ces méthodes ont également été utilisées en Irak. C?est justement pour désamorcer la polémique sur les sévices infligés à des détenus irakiens dans la prison d?Abou Ghraïb que la Maison-Blanche a publié, hier mardi, des mémorandums détaillant les méthodes d'interrogatoire que peuvent employer les soldats américains. Ces mémorandums, dont l'un est signé de la main du président américain George W. Bush lui-même, ne concernent toutefois que les prisonniers d?Afghanistan et ceux détenus sur la base de Guantanamo. «En Irak, la position des Etats-Unis a toujours été que la Convention de Genève s'applique», a souligné, hier, Alberto Gonzales, le conseiller juridique du président, lors d'un point de presse. Cette convention interdit expressément tout sévice ou torture sur des prisonniers de guerre. Le mémorandum signé par le président Bush le 7 février 2002 stipule que même si la Convention de Genève ne s'applique pas aux prisonniers talibans en Afghanistan, ceux-ci doivent être traités humainement. «Le président n'a jamais donné l'ordre ou dit à quelqu'un qu'il fallait torturer», a affirmé M. Gonzales, ajoutant que le document du 7 février 2002 est «la seule directive présidentielle sur le traitement des prisonniers». George W. Bush l'a réaffirmé, hier, en recevant à la Maison-Blanche le Premier ministre hongrois, Peter Medgyessy. «Je n'ai jamais ordonné que l'on torture. Je n'ordonnerai jamais que l'on torture», a-t-il dit. Quelque 600 personnes, originaires d'une quarantaine de pays, appréhendées pour la plupart en Afghanistan dès l'automne 2001, sont détenues sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba. Washington ne les considère pas comme des prisonniers de guerre, les privant ainsi de la protection de la Convention de Genève. Les photos et les vidéos prises à Abou Ghraïb montrent précisément des prisonniers encagoulés, nus et menacés par des chiens. Plusieurs soldats américains ont été inculpés et l'un d'eux jugé et condamné pour avoir commis ces sévices. Ce scandale pèse également lourdement sur le bilan du président républicain qui remet son mandat en jeu en novembre. Dans son mémorandum du 7 février 2002, Bush écrit notamment que «la guerre contre le terrorisme (?) demande de reconsidérer les lois de la guerre, mais d'une manière consistante avec les principes de Genève».