Portrait ■ Louisa Ghardaoui, une Algérienne vivant en Belgique, est une danseuse-chorégraphe, voire une plasticienne du corps. «Pour moi, le corps est un langage, une expression par laquelle on dit une émotion, le corps est aussi une performance», dit-elle. Louisa Ghardaoui se passionne pour la danse, et cette passion l'a conduite à s'y consacrer, elle s'adonne à cet art qu'elle fait matière de création, matériau qui lui permet de composer une chorégraphie. Cherchant l'originalité dans ce jeu de composition, elle s'aventure en autodidacte avec le cerceau. «Le cerceau nourrit mon aspiration à danser et avec lequel j'innove, je crée, j'apporte, je formule un concept de la danse, pour moi, le cerceau est un élément essentiel, déterminant dans l'expression corporelle. Il est rempli de potentiel créatif», explique-t-elle. Lorsqu'elle se met en mouvement, Louisa Ghardaoui s'enroule de cerceaux, et sur une musique rythmée, enfiévrée, sonorités puisées dans la musique traditionnelle maghrébine, dont le gnaoui, elle donne libre cours à son corps, sans retenue ni complexes. Elle danse et, en même temps, elle fait tourner autour de son corps le cerceau dans un déhanchement endiablé. Son jeu corporel engendre une émotion et celle-ci confère au corps une esthétique, une plastique, le jeu revêt une poétique. Le corps se révèle un poème déclamé en mouvement lents pour ensuite s'accélérer à mesure que le jeu prend de l'ampleur, des proportions expressives saisissantes. Interrogée sur cette passion qui l'anime, Louisa Ghardaoui, qui s'est produite sur les planches du Théâtre national, se confie : «La danse est une partie de moi. J'ai des souvenirs de fêtes où les gens dansaient. Ça s'est imposé à moi. II fallait que je danse. C'est aussi une façon de retourner vers l'identité, retrouver la culture d'origine.» Louisa Ghardoui explique que dans ses spectacles, «la question de l'identité est abordée, soulevée d'un point de vue artistique». «Cela se voit, ça transparaît, ça se ressent, que ce soit au niveau du mouvement, c'est-à-dire de l'expression corporelle, ou dans ce qui anime le corps, à savoir la musique», souligne-t-elle. Louisa Ghardoui fait de la danse contemporaine, d'où la question : "Est-il nécessaire de raconter en dansant une histoire ?" A cela, elle répond : «Avec un début, un milieu et une fin, ça ne me semble pas nécessaire. Ce qui est surtout important, c'est arriver à un stade de communication, de transmettre des choses, c'est-à-dire des émotions. Pour mon cas, avant d'élaborer une chorégraphie, je me pose la question : "Qu'est-ce qui m'intéresse surtout ?, qu'est-ce qui je vais chercher en profondeur ?". La danse contemporaine est la transmission de sentiments. Et ce sont les émotions qui me nourrissent et me passionnent et sur le quelles je tarde pour dire le corps pleinement.» Celle pour qui la danse c'est le corps, estime que «le mouvement est la vie d'abord, des moments présents qui se suivent et cette succession crée le mouvement, le mouvement c'est l'émotion et sans émotion le mouvement reste inerte».