Contradiction ■ Si l'enseignant est jeune, s'il vient de commencer sa carrière, on dit qu'il ne maîtrise pas bien la matière. S'il est ancien on dit qu'il est usé, qu'il ne produit plus rien, qu'il devient stérile. Nous les avons rencontrés à la bibliothèque du complexe Kettani de Bab El-Oued. Dans cet espace, il est difficile de dénicher une place. Mehdi, un élève de terminale au lycée Okba d'Alger, rêve de faire commerce international. «Ces derniers temps, je veille jusqu'à deux heures du matin pour réviser la comptabilité.» Nacer se présentera au bac en candidat libre. Mais, il fréquente un lycée. «J'ai formulé une demande au lycée Emir Abdelkader pour assister aux cours essentiels, et ma demande a été satisfaite», explique-t-il. Avant de rejoindre cette bibliothèque, il avait déjà révisé. «Le matin, je me lève à quatre heures pour aller réviser à la mosquée al-sunna de Bab El Oued. Je ne sors de la mosquée qu'à sept heures passées.» «Depuis le troisième trimestre, au lycée, je n'assiste qu'aux cours essentiels. Ici, à la bibliothèque, je me prépare avec mes camarades. Chaque jour, je me réveille à quatre heures», confie Celia, qui rêve de devenir journaliste. Cette lycéenne ne cache pas les difficultés qu'elle éprouve lorsqu'elle veut réviser chez elle. «Nous vivons à neuf personnes dans trois pièces. En outre, personne ne peut m'aider à la maison.» Près d'elle, un groupe d'élèves se prépare pour un bac langues.«Je révise à la mosquée après la prière du fadjr. Cela fait presque un mois que je ne suis pas parti au lycée. Les enseignants ne nous donnent rien !», s'exclame Fayçel. Amel est lycéenne au lycée Okba de la casbah. «Je veux le bac pour faire plaisir à maman. C'est elle qui s'est fatiguée pour moi.», dit-elle en soupirant. Comme Celia, Amel souffre également de l'exigüité chez elle «Je ne peux pas réviser tranquillement à la maison. Je partage ma chambre avec mon frère de quinze ans. Je ne peux allumer la lampe la nuit. Et le jour, il y'a trop de bruit» regrette-t-elle. Amel se plaint également des disputes régulières entre ses parents : «Mon père se bagarre quotidiennement avec ma mère, ce qui m'empêche de me concentrer sur mes leçons.» Certains élèves estiment que leurs enseignants n'ont pas un niveau valable. «Si les enseignants n'arrivent pas à répondre à nos questions, c'est parce ce qu'ils ne maîtrisent pas les matières», lance un lycéen. Et pour illustrer ses propos, il évoque son professeur d'histoire. «Pour un évènement, le professeur nous indique l'année, sans le jour et le mois. Sans précision.» «Notre prof de maths attend sa retraite, lorsque je lui demande de m'expliquer, il me répond qu'il n'admet même pas que sa propre fille vienne lui poser des questions ! Je ne comprends rien aux maths », confie une élève du lycée Saïd Touati. Pour un bac libre : «j'ai passé deux fois le bac en gestion .Je ne l'ai pas eu .Cette fois, j'ai changé de filière et je passe un bac philo pace que le programme a changé. Dans ma préparation, je compte sur des amis. Ils me remettent des copies .Je révise à raison de deux heures par semaine à la bibliothèque, et une heure à la maison depuis quatre mois» témoigne Mounir.