Résumé de la 76e partie ■ Ce n'est que le lendemain que Chantal visite le petit appartement qu'on lui a attribué... Puis elle revint dans le salon où elle remarqua la présence de Jeannot-lapin sur une table basse. Marie-Ange avait dû croire bien faire en le mettant ainsi en vue. Alors qu'elle prenait le jouet avec tendresse, une voix fraîche cria du chemin : — Avez-vous bien dormi ? Je vous apporte des provisions pour votre petit déjeuner. Sœur Marie-Ange était à cheval ; c'était le seul moyen pratique pour se déplacer rapidement dans l'île. Après avoir attaché sa monture à l'un des pilotis supportant la maison, elle gravit l'escalier en disant : — Vous n'avez pas souvent vu des bonnes sœurs à cheval ? Nous sommes les cantinières de Makogaï ! Je vais vous faire goûter, pour votre petit déjeuner, au «kawa», la boisson nationale des Fidji. Vous verrez qu'elle vaut largement le café. Chantal dut reconnaître que Marie-Ange avait raison. — En principe, confia la sœur en faisant le tour de la maison, ce sont les malades qui nettoient eux-mêmes leur demeure, mais je vous enverrai tous les matins une élève de l'ouvroir. — Vous avez un atelier de couture ? — Makogaï possède de tout ! répondit Marie-Ange en riant. Le rire avait éclaté, sonore, découvrant une denture éblouissante : la bouche de Marie-Ange avait dû faire rêver plus d'un homme ! Chantal avait tout le loisir, ce matin, de contempler celle dont la jeunesse s'était rapprochée étrangement de la sienne», selon l'opinion de la Mère Dorothée ! On voyait bien, pensait Chantal, qu'elle ne les avait pas vues toutes deux côte à côte... Physiquement déjà, elles offraient le contraste le plus accusé : Marie-Ange était aussi brune que Chantal se savait blonde ; la peau de Marie-Ange, était mate, celle de Chantal laiteuse ; les yeux bruns de l'une étaient demeurés d'une candeur admirable ; toutes les laideurs de l'existence avaient passé devant le regard de l'autre. Marie-Ange était petite. Chantal serait toujours élancée. Elles n'avaient qu'un point commun : la beauté. Moralement, Chantal se sentait très éloignée de cette aristocrate qui avait quitté une vie luxueuse pour venir s'enterrer dans une île damnée ! Elle se savait incapable de renoncement et n'avait qu'un désir : guérir pour retrouver le luxe dans lequel la vie lui paraissait ne pas mériter d'être vécue. En dépit de ces divergences physiques et morales, Chantal comprit que Marie-Ange serait probablement la seule habitante de l'île à laquelle elle pourrait se confier. — Vous allez m'accompagner à l'hôpital, dit sœur Marie-Ange. Le Dr Watson doit vous examiner pour savoir s'il peut commencer le traite-ment. Savez-vous monter à cheval ? — Non. (A suivre...)