Initiative ■ Un projet d'inscription aux registres du patrimoine matériel de wilaya et national du goumbri est en élaboration par la direction de la culture de Béchar. Le dossier scientifique et technique pour l'inscription aux registres du patrimoine matériel local et national de cet instrument à trois cordes à la base de la musique Diwane, est en constitution par des experts du secteur de la culture, a-t-on précisé, en marge du 8e festival national des musique et danse Diwanes. Saluée par la plupart des maâlime (maîtres) et musiciens des quinze troupes qui animent les manifestations artistiques de ce festival national ouvert vendredi dernier, l'initiative est considérée par des chercheurs en diwane comme «une importante étape dans la classification globale du diwane en tant que patrimoine national matériel». «L'apparition du goumbri sur la scène artistique et l'apprentissage de jeu par des musiciens en dehors de la sphère diwane a fait en sorte qu'il soit un instrument musical à part entière, dont il est nécessaire l'apprentissage par les différents conservatoires et autres institutions de formation musicale dans le pays», a déclaré le chercheur Fedel Abdelwahed du département de musique de l'Ecole nationale supérieure de Kouba (Alger). L'enclenchement du processus d'inscription au patrimoine national matériel de cet instrument est «une contribution concrète à la sauvegarde et à la protection de cet instrument musical ancestral», a-t-il souligné. Le goumbri est l'instrument clef du maître musicien chez les diwanes, nommé maâlem (maître) et qui est également le chanteur principal de la troupe. Ce luth-tambour à trois cordes et à registre bas, constitué d'une caisse de résonance d'environ 60 centimètres de long, 20 cm de large et 15 cm de profondeur, est traversé par un manche en bois d'environ un mètre, essentiellement en noyer ou en acajou. La caisse de résonance du goumbri est recouverte par une peau de dromadaire (prise sur le cou), séchée et tannée. C'est précisément cette peau qui, frappée par la main droite du musicien en même temps que les cordes, donne au goumbri un son de percussion. Les trois cordes du goumbri sont fabriquées à partir des intestins de bouc bien gras sacrifié rituellement, selon les usages des diwanes, pour qu'elles ne cassent pas. Un sistre métallique, la sersera, est, quant à lui, encastré à l'extrémité du manche du goumbri pour être mis en résonance de par les mouvements de l'instrument et les vibrations des cordes. Il existe également des goumbris dont la caisse est circulaire comme constaté chez des groupes diwanes de l'est du pays, tandis que ceux destinés à l'apprentissage sont appelés «aouicha» et sont plus petits.