Valeurs Convivialité, solidarité et respect, tels étaient les mots clés dans une vie en communauté où la femme avait une place privilégiée. Personne ne dérogeait à cette règle : la quiétude collective primait. Pour ce faire, la communauté est régie par des règles morales respectées naturellement par les adultes et les plus jeunes. Khalti Baya se souvient de ce temps-là. «A la Casbah d?Alger, nous vivions paisiblement. La vie en communauté avait ses règles. Les femmes se levaient très tôt. Elles commençaient par allumer le kanoun (nafekh), pétrissaient le pain et le laissaient fermenter jusqu?à l?arrivée de tfel el koucha (apprenti boulanger). Entre-temps, elles faisaient leur lessive : elles trempaient leur linge, qu?elles triaient en trois catégories : le blanc, le noir et le fleuri (couleurs).» Khalti Baya regrette de voir qu?aujourd?hui les jeunes femmes préfèrent la machine à laver et les produits industriels aux produits naturels d?antan (les cristaux, el nila ou boughada). Elle précisera : «Nous puisions l?eau du puits pour les tâches ménagères. Pour boire, des Biskris nous ramenaient de l?eau de sources pour 1 sourdi (0,05 centime puisque 1 centime = 20 sourdis) la qoula (la carafe)», avant d?ajouter : «La jeune femme, avant de descendre à la buanderie, pour la lessive, se lavait, se pomponnait, se coiffait et mettait une robe présentable, pour enfiler, enfin, son tablier de lessive.» «Car si elle reçoit une visite surprise, elle devra être présentable et n?avoir qu?à se rincer les mains», indiquera-t-elle. Pour ce qui est des espaces communs aux locataires d?une même maison, à savoir, les escaliers, la terrasse, les toilettes et la buanderie, «E?dala (tour de rôle) était de mise. Seules les plus âgées et les femmes enceintes ou malades étaient dispensées de cette tâche», notera notre interlocutrice. «A 12h tapantes, tous les rideaux suspendus à la porte d?entrée de chaque pièce sont baissés. Toutes les ménagères auront terminé leur ménage. Car à ce moment-là, les hommes rentraient du travail. Arrivés au seuil de l?entrée principale de la maison, ils toussaient. Un signe pour que les femmes quittent le hall et évacuent les lieux pour laisser passer les hommes». Elle relèvera : «El hadjba était de mise, lorsque les hommes traversaient ou se réunissaient dans le hall, les femmes rejoignaient leurs pièces respectives.» Pour veiller au bon déroulement de la vie en communauté et au respect des règles, «moulat e?ddar (la propriétaire de maison) est à cheval, rien ne lui échappe. Lorsqu?elle n?est pas là, elle délègue une des voisines pour la remplacer», indique-t-elle.