Santé ■ 45 personnes décèdent chaque jour en Algérie soit 15 000 par an, et ce, en raison de maladies graves causées par le tabagisme. C'est ce qu'a annoncé, hier, Nafti Salim, professeur, chef de service pneumologie à l'hôpital Mustapha-Pacha, et président du comité national d'anti-tabac au forum d'El Moudjahid à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale anti-tabac sous le thème «Augmenter les taxes sur le tabac». L'intervenant a annoncé, à cette occasion, la création de 50 centres de sevrage anti-tabagique, qui seront opérationnels à la fin de l'année 2014. Ces centres, affirme le spécialiste, seront implantés à travers tout le territoire national et auront pour mission la prise en charge des personnes souffrant d'addiction tabagique. Selon lui, des formations spécialisées sont déjà lancées en vue d'améliorer les connaissances des professionnels de santé en matière de techniques d'aide à l'arrêt du tabac. Pour lui, ce fléau est à l'origine de 25 maladies graves dont 90% des cancers. Il a également révélé que 7 000 cas d'infarctus du myocarde sont causés annuellement par le tabagisme en Algérie, ainsi que 3 500 à 4 000 cas de cancer du poumon et entre 7 000 à 10 000 naissances prématurées avec décès du fœtus. En outre, il a rappelé les différentes lois promulguées par l'Algérie et relatives notamment à la vente, à la distribution et à l'interdiction de la consommation du tabac et qui égalent, selon lui, celles des pays avancés. Il a déploré en revanche, le manque de fermeté quant à l'application de tous ces textes. Par ailleurs, il a affirmé que l'utilisation des cigarettes électroniques, qui connaît ces dernières années un important essor, n'est pas sans danger pour la santé du consommateur. Selon lui, ces cigarettes utilisées généralement pour aider les fumeurs à arrêter le tabac contiennent de fortes doses de nicotine, une substance chimique qui entraîne une dépendance. «La cigarette électronique permet, grâce à son mécanisme, l'inhalation directe de la nicotine qu'elle contient et qui agit sur le système nerveux», a-t-il expliqué. De son côté, Houria Yamina, maître assistante à la faculté d'Alger, a appelé les pouvoirs publics et le ministère de la Santé à mettre à l'abri la santé publique des enjeux économiques. En outre elle a rappelé l'éventail de lois promulguées par le ministère et adoptées par le Parlement dont la loi sur la santé de 1985 et les décrets exécutifs qui ont suivi en 1999, 2001 et 2003 ainsi que la ratification par l'Algérie de la convention-cadre de l'OMS en 2006, mais qui demeurent sans effet jusqu'à aujourd'hui. Selon elle, ces décrets ne précisent pas avec exactitude ni les espaces où il est interdit de fumer ni l'amende dont est passible le fumeur qui enfreint la loi. A ce sujet elle a exhorté les pouvoirs publics et le ministère de la Santé à imposer une amende au fumeur dans les lieux publics, qui varie entre 2 000 et 30 000 DA. A noter que l' OMS a fait savoir dans son dernier rapport que près de 6 millions de personnes meurent annuellement, dont plus de 600 000 sont des non-fumeurs qui meurent pour avoir respiré la fumée des autres.