Résumé de la 4e partie ■ Le vent veut le remercier et dit à Jean-Pierre, demande-moi ce que veux et je te le rendrai volontiers. Tout ce que je vous demande, c'est de souffler trois ou quatre heures par jour sur mon moulin... Aussitôt après le départ de M. le Vent, la pluie se mit à tomber, doucement d'abord, et puis ensuite à torrents. Les ruisseaux s'enflèrent, et quand la terre desséchée eut bien bu, il se forma de petites mares d'eau dans lesquelles les gouttes de pluie sonnaient comme des clochettes. Jean-Pierre crut encore entendre les voix des esprits de la Pluie : «Tombons, disaient ces voix, tombons sur ce toit de chaume.- Mouillons, mouillons toute la maison. - Arrosons ces feuilles de choux. - Coulons sur ces cailloux. - Sonnons dans la gouttière. - Glissons sur cette poutre. - Sautons par ce trou. -- Tombons, mouillons tout ce que nous pourrons, petites gouttes, gouttes, gouttes.»Au lieu d'avoir peur, Jean-Pierre répétait : «Tombez, mouillez, arrosez tant que vous pourrez ; demain mon jardin sera plus vert et mes légumes se porteront mieux.» Comme M. le Vent avait brisé le loquet et qu'il était sorti sans fermer la porte, le battant s'entrouvrit de trois ou quatre pouces. Par cet espace étroit, Jean-Pierre vit entrer une grande dame de figure singulière, qui ressemblait plutôt à une fée qu'à une femme. Son corps était un peu vaporeux et son visage défait, comme si elle se relevait d'une maladie. Ses cheveux ne frisaient point du tout et lui tombaient jusqu'aux talons. Ses yeux étaient voilés par deux ruisseaux de larmes et son nez un peu enflé par le rhume de cerveau. Sa robe était entièrement grise et son manteau de même. Sur son écharpe de soie brillaient les sept couleurs de l'arc-en-ciel. Cette dame s'avançait lentement sans qu'on vît remuer ses pieds ; elle bâillait en étendant ses bras et paraissait accablée, plutôt d'ennui que de lassitude. —Donne-moi une chaise, dit-elle à Jean-Pierre, afin que je me repose un instant, avant que je descende dans la vallée. — Asseyez-vous, madame, dit le meunier. Veuillez seulement parler bas, car ma femme est malade et mon enfant dort. — Ne crains rien, répondit la dame ; le bruit de mes paroles les endormira d'un sommeil meilleur. Je suis Mme la Pluie, à qui tu as souvent adressé des invocations. Il y a cinq minutes, j'étais encore à huit cents toises au-dessus de la terre, c'est pourquoi je suis un peu étourdie de ma chute. Le seigneur du château voisin m'a fermé au nez ses portes et ses fenêtres ; mais je m'en suis vengé en mouillant jusqu'aux os ses sentinelles. Chez toi, je trouve des crevasses aux murailles, des vitres brisées et la porte ouverte ; aussi j'aime ta chaumière et je me souviendrai de ton bon accueil. Si je puis te servir à quelque chose, profite de l'occasion ; demande-moi ce que tu voudras et je te le donnerai. (A suivre...)