Constat ■ Yazid Benmihoub, P-DG de la Bourse d'Alger, a soulevé, récemment, le problème de l'absence de la culture boursière. «Les agents banquiers ignorent ce qu'est une cote boursière, ceci est intolérable», a-t-il déploré, lors d'une intervention au Forum d'El-Moudjahid. Pour combler ce déficit, le ministre des Finances a, en collaboration avec la Cosob, initié des cycles de formation au profit des agents de banques, a-t- il souligné. «Le personnel est en cours de formation, et, dans un mois ou deux, vous allez voir un guichet bourse dans les agences bancaires, cela va se faire graduellement et toutes les banques sont concernées à terme», a-t-il encore indiqué. Selon lui, les banques, étant les intermédiaires en opérations de Bourse, sont totalement impliquées dans cette action de formation. Dans le même contexte il a précisé que la Bourse n'est pas une concurrente des établissements bancaires. Elle est complémentaire du moment qu'elle finance le haut du bilan (la capitalisation de l'entreprise) et non pas le bas du bilan (les disponibilités de l'entreprise). Mais ces mesures sont-elles suffisantes pour redynamiser le marché boursier, sachant que la capitalisation actuelle de la Bourse d'Alger ne dépasse pas les 14 milliards de dinars ? N'est-il pas exagéré de tabler sur une capitalisation de 10 milliards de dollars pour le prochain quinquennat lorsqu'on a un système financier rentier et que peu de PME sont performantes et concurrentielles ? s'interroge cependant Chebaiki Saadane, président de l'association des économistes algériens. Ce dernier explique que l'inexistence des métiers de conseil et d'investissement au niveau des banques, publiques notamment, ainsi que la faiblesse du niveau de l'offre de valeurs mobilières, complique davantage la tâche de la Bourse vis-à-vis des besoins des opérateurs. A cet effet il a estimé que l'ouverture du marché boursier, en Algérie ne peut se faire qu'après 15 ou 20 ans, soit le temps nécessaire pour que l'économie nationale se redynamise et devienne productive et attractive. Par ailleurs et selon l'expert le gouvernement mise sur le public, pour réussir son projet de relance du marché boursier. Or, le secteur public connaît d'énormes déficits en matière de gestion, a-t-il déploré. Car les entreprises publiques actuellement cotées en Bourse n'ont pas changé leur mode de gestion. Elles sont gérées de façon anarchique, a-t-il précisé. Ce qui explique leur absence sur le marché de l'exportation hors hydrocarbures due à leur manque de compétitivité. Dans le même sens il a considéré que le secteur privé devrait aussi adopter les principes de bonne gouvernance, via la transparence particulièrement. Une condition absente, il faut le reconnaître, chez les opérateurs économiques algériens, notamment les entreprises à caractère familial. Il est en effet difficile de convaincre une entreprise familiale d'ouvrir une partie de son capital par le biais de la Bourse. En outre il a estimé que ces lacunes risquent de compromettre les résultats escomptés. Ainsi il est donc nécessaire aujourd'hui que ces entreprises revoient leur système de gouvernance, particulièrement sur le plan managérial, avant de s'introduire sur le marché financier a-t-il souligné. D'un autre côté, les pouvoirs publics sont appelés à lever les obstacles bureaucratiques et les blocages administratifs auxquels sont confrontées les entreprises. Enfin l'expert a déploré l'absence d'un bureau de change de devises structuré et crédible, et ce, en dépit de la dégradation du dinar. Des sommes colossales s'échangent, pas loin de la Bourse d'Alger et à ciel ouvert dans les marchés informels, et ce, au vu et au su des autorités publiques, a-t-il regretté.