Résumé de la 5e partie ■ C'est au tour de la Pluie, à qui le meunier a souvent adressé des invocations, qui veut le remercier de son bon accueil. Si je puis te servir à quelque chose, profite de l'occasion ; demande-moi ce que tu voudras et je te le donnerai... Madame la Pluie, répondit le meunier, que pourrais-je vous demander sinon de vouloir bien tomber deux ou trois fois par semaine sur les légumes de mon potager ? — Hélas ! mon ami, dit la dame, je ne cours pas le monde comme je le voudrais. Le beau temps du déluge est passé. M. le Soleil est plus fort que moi et me repousse dans ma grotte à chaque instant. Quant à Mme la Lune, depuis Adam, je cherche à deviner si elle m'est favorable ou contraire, et je n'ai pas encore pu éclaircir la chose ; mais, avec l'aide des astronomes, j'espère bien savoir au juste, d'ici trois ou quatre mille ans, quelles sont ses intentions à mon égard. On me fait partout mauvaise mine, excepté chez toi. Je suis enfermée pendant les deux tiers de l'année ; mais je t'enverrai mes rosées du matin et les petits nuages à qui je donne la clef des champs entre deux rayons de soleil. Si ta femme ou ton enfant éprouvent quelque malheur, ne manque pas de m'en informer ; je les prendrai sous ma protection. - Ah ! madame la Pluie, s'écria Jean-Pierre, protégez-les tout de suite : ma femme est malade, et si elle vient à perdre son lait, mon petit Pierrot en mourra. - Il fallait commencer par me dire cela, répondit la dame. Tu es un maladroit, Jean-Pierre. Je suis obligée de partir bien vite pour aller mouiller les plaines de la Normandie et de la Beauce. Le soleil va bientôt venir sécher tout mon ouvrage. Adieu, honnête Jean-Pierre. Je demeure dans ma grotte de l'Ouest, sur le rivage de la mer. Mme la Pluie glissa par la porte entrouverte et s'abattit dans le fond du vallon. Au bout d'une heure, les joues de l'Aurore commençaient à rougir. Les esprits de la Pluie parlaient plus bas. Les ruisseaux n'étaient plus que des filets d'eau qui ne disaient rien ; le son des petites clochettes s'éteignit peu à peu. Un grand rayon de soleil dissipa bientôt les nuages, et le meunier comprit que Mme la Pluie s'était retirée dans sa grotte de l'Ouest, au bord de la mer. Jean-Pierre sortit alors de sa cabane et s'en alla au moulin. Il y trouva de quoi remplir deux sacs de farine. Il courut ensuite au jardin et il y cueillit des laitues et des choux qui avaient poussé. Il porta la farine chez un fermier qui lui donna deux écus de six livres, et il vendit les légumes au marché. Sa femme dormait encore lorsqu'il rentra chez lui, avec un fagot de bois sur ses épaules, de l'argent dans sa poche et de bonnes provisions dans son panier. (A suivre...)