Résumé de la 6e partie ■ Mme la Pluie se retire. Jean-Pierre sort alors de sa cabane et va au moulin. Il y trouve de quoi remplir deux sacs de farine qu'il porte chez un fermier qui lui donne deux écus de six livres... La femme de Jean-Pierre, ayant dormi jusqu'au matin, n'avait entendu ni le vent ni la pluie. Elle fut fort étonnée d'apprendre que le moulin avait tourné pendant la nuit et de voir l'argent et les provisions rapportés par son mari. Son sommeil avait déjà hâté sa guérison. La joie qu'elle eut de ces heureuses nouvelles acheva de lui rendre la santé. Cependant, Jean-Pierre ne lui parla point des deux visites extraordinaires qu'il avait reçues. «Claudine, pensait-il, a plus d'esprit que moi ; mais elle est un peu bavarde. Elle irait dire mon secret à ses commères et cela pourrait me faire du tort.» Pendant les jours suivants, le moulin tourna soir et matin ; la rosée tomba dans le jardin potager. Jean-Pierre faisait bon feu et bonne chère. Sa femme reprit des forces, et le petit Pierrot devint rose et frais comme une pomme d'api. Le bonheur et la gaieté étaient revenus dans la maison. Un jour, le seigneur du château voisin passa devant la cabane de Jean-Pierre en allant à la chasse. Les seigneurs de ce temps-là jouissaient d'un grand pouvoir. Lorsqu'ils étaient bons, ils rendaient leurs vassaux heureux ; mais lorsqu'ils étaient méchants, ils exerçaient toutes sortes de tyrannies et de cruautés sur les pauvres paysans. Or, celui de qui Jean-Pierre était vassal avait le cœur dur ; il aimait beaucoup l'argent, et, pour s'en procurer, il accablait ses gens d'impositions. Il les faisait payer pour la taille, pour la dîme, pour la ceinture de la reine et pour cent autres inventions vexatoires. En voyant son seigneur, le meunier fut saisi de crainte, car cette visite ne lui annonçait rien de bon. — Holà ! Jean-Pierre, cria le baron sans descendre de son cheval, tu me dois six mois d'impositions. C'est dix écus que j'enverrai chercher demain par mon intendant. —Monsieur le baron, répondit le meunier, accordez-moi encore trois mois de délai. Ma femme a été malade et si je vous donne dix écus, c'est tout ce que je possède ; il ne me restera plus rien. — Je ne t'accorderai pas seulement trois jours, reprit le baron. Si tu ne me payes pas demain, on vendra tes meubles ; je t'arracherai de ta cabane et je te ferai travailler dans mes champs, à coups de bâton. Le seigneur partit au galop, sans écouter les plaintes de son vassal. Le lendemain, l'intendant du château arriva, portant une sacoche, et Jean-Pierre fut obligé de lui donner les dix écus ; c'était tout ce que le meunier avait économisé depuis un mois. Les faveurs du vent et de la pluie se trouvaient ainsi perdues. Claudine se mit à pleurer de tout son cœur. (A suivre...)