Résumé de la 12e partie ■ Jean-Pierre comprend que c'est par les bavardages de sa femme que le baron a appris son secret. Cette dernière, au lieu d'avouer sa faute, redouble ses plaintes... Ses regrets et son chagrin redoublèrent lorsqu'il apprit que le baril merveilleux servait tous les jours, dans la salle à manger du château, des dîners splendides pour autant de personnes qu'il plaisait au baron d'en inviter. Le seigneur n'avait plus besoin de cuisinier, et il renvoya ses marmitons. Les petits nains renouvelaient chaque fois le linge de la table, les assiettes, les plats et l'argenterie. Quoique très avare, M. le baron régalait souvent ses amis afin d'avoir, après le dîner, des restes si précieux, et bientôt il amassa tant de cuillères et de fourchettes qu'il n'en savait plus que faire. Jean-Pierre jurait ses grands dieux de ne jamais se laisser tromper par les offres de son seigneur, et Claudine se promettait de ne plus confier de secret à ses commères. Malheureusement ces sages résolutions ne réparaient point les sottises passées. Avec les mille francs qu'ils avaient reçus, le meunier et sa femme firent un peu raccommoder leur chaumière par le maçon et le charpentier. Ils achetèrent quelques ustensiles de ménage, et puis ils vécurent sur le reste pendant une année à force d'économie. Au bout de l'an, tout l'argent était dépensé. Jean-Pierre n'avait plus de courage au travail ; Claudine, inconsolable, négligeait son aiguille et sa basse-cour. Le souvenir du bonheur que ces pauvres gens avaient perdu empoisonnait leur vie, et ils se trouvaient plus que misérables et plus accablés que jamais. Jean-Pierre se décida enfin à faire une seconde visite à M. le Vent. Ne voulant mériter aucun reproche, il consulta sa femme. «Cette fois, lui dit Claudine, il faut arriver dans la caverne avant l'heure du dîner de M. le Vent. Ne t'avise pas de lui raconter tes sottises ; dis-lui que ton seigneur t'a enlevé par force le petit tonneau d'argent. S'il te demande ce que tu désires, réponds tout de suite que tu voudrais un autre petit tonneau ou quelque chose d'aussi merveilleux.»Le meunier, ayant sa leçon préparée, se mit en route dès le point du jour avec ses souliers ferrés, sa canne et son manteau de laine. Comme il savait le chemin, il ne perdit pas de temps et il arriva devant la caverne à dix heures du matin. Cependant, le ciel s'était chargé de gros nuages rouges à l'horizon. Un orage se préparait. Les esprits de la caverne parlaient tous à la fois. M. le Vent demandait ses habits de voyage et se préparait à sortir. (A suivre...)