Résumé de la 19e partie ■ Pierrot prit donc l'habitude d'aller au château tous les jours ; jamais il ne retournait à la ferme sans avoir reçu des caresses, des gâteaux et de l'argent, et le meunier comprit enfin tout ce que valait le cadeau de Mme la Pluie. Mademoiselle, reprit Pierrot, le théâtre vous appartient. Voici la baguette magique. Amusez-vous avec les marionnettes autant que vous voudrez... » Lorsque Jean-Pierre apprit que son fils avait donné la boîte de cuivre, il se mit en colère. «Ne vous fâchez pas, mon père, lui dit Pierrot. Il est vrai que j'ai donné la boîte et la baguette ; mais j'ai gardé le livre doré sur tranche, et vous verrez qu'on m'enverra chercher demain, comme à l'ordinaire, pour réciter la comédie.» Le meunier n'écoutait rien et s'apprêtait à fouetter son fils ; heureusement Claudine prit le petit Pierrot dans ses bras. «Jean-Pierre, dit-elle à son mari, notre garçon en sait plus long que toi. Ce qu'il dit est raisonnable. Attends au moins jusqu'à demain avant de fouetter.» Un domestique du château vint chercher Pierrot le lendemain, comme à l'ordinaire, car on avait besoin de lui pour faire parler les marionnettes. Après la comédie, Marguerite soupira en disant : «Mon cher Pierrot, si tu ne me donnes pas le livre doré sur tranche, ton joli présent ne me servira à rien.» «Voici le livre, répondit Pierrot. Je le gardais pour avoir le plaisir de vous montrer moi-même le spectacle ; mais puisque vous désirez l'avoir, je vous le donne.» Jean-Pierre se mit dans une colère terrible, en apprenant que son fils n'avait plus le livre doré sur tranche. «Mon père, lui dit Pierrot, je n'ai pu résister au plaisir d'obliger Mlle Marguerite ; j'espère que nous nous en trouverons bien. M. le baron ne nous tourmentera plus ; Mme la baronne lui parlera en notre faveur, et j'aurai gagné l'amitié de la plus aimable demoiselle qui soit au monde.» Le meunier voulait absolument fouetter son fils. Heureusement Claudine emporta Pierrot en disant : «Attends un peu, Jean-Pierre ; attends au moins que nous sachions si ce que dit notre enfant arrivera.» Mais le lendemain le domestique du château ne vint pas comme à l'ordinaire. «On n'a plus besoin de moi, disait Pierrot, et on m'oublie ; mais je ne regrette rien puisque j'ai fait plaisir à Mlle Marguerite.» Le lendemain, au point du jour, Claudine mit son bonnet et sortit de la ferme pour aller raconter la nouvelle à sa voisine la laitière. Elle mêla si bien dans son discours Mme la Pluie, la grotte de l'Ouest et les nymphes avec l'enchanteur Merlin et la princesse Eglantine que la voisine la crut folle. Cependant, la laitière, en portant sa crème et son beurre au château, ne manqua pas de raconter l'aventure comme elle put au cuisinier. Le cuisinier en parla au valet de chambre, qui s'en alla trouver M. le baron. Jean-Pierre vit arriver son seigneur à la ferme. (A suivre...)