Résumé de la 19e partie ■ Le meunier et sa femme veillèrent jusqu'à minuit pour regarder les douze comédies, et Pierrot récita tant de jolis discours qu'il en était un peu enroué. Alors le petit Pierrot s'approcha en ôtant son bonnet et salua le baron : «Monseigneur, dit-il, le théâtre merveilleux m'appartient. Si vous le permettez et si Mme la baronne veut bien me recevoir chez elle, je porterai mon théâtre au château et je ferai jouer mes acteurs devant vos enfants aussi souvent que vous me le demanderez. — A la bonne heure ! dit le seigneur. Tu es un gentil garçon. Apporte ton spectacle ce soir après le dîner et je te donnerai quelque chose pour ta peine.» Le soir arrivé, Pierrot mit la grande boîte de cuivre dans une brouette et s'en alla au château. Mme la baronne était une belle dame aimable, charitable et bonne, qui tâchait d'adoucir un peu l'humeur de son mari. Elle avait trois jolis enfants, une fille et deux garçons. Pierrot fut reçu à merveille. On le caressa, on lui donna des gâteaux, et la baronne lui glissa de l'argent dans la main. Pour le premier jour, Pierrot fit jouer à ses marionnettes la première comédie seulement et on la trouve si jolie qu'on le pria de revenir le lendemain. Le second jour, il montra la seconde comédie, et ainsi de suite jusqu'au douzième jour. Quand ce fut fini, on voulut recommencer. Pierrot prit donc l'habitude d'aller au château tous les jours ; jamais il ne retournait à la ferme sans avoir reçu des caresses, des gâteaux et de l'argent, et le meunier, en voyant son fils revenir chaque soir avec les poches pleines, comprit enfin tout ce que valait le cadeau de Mme la Pluie. La petite fille de la baronne, qui était du même âge que Pierrot, aimait passionnément les comédies de marionnettes. On l'appelait Marguerite. Elle avait les plus jolis yeux bleus et les plus beaux cheveux blonds du monde ; mais elle était sage, douce et toujours de bonne humeur, ce qui vaut mieux que d'être belle. Pierrot l'aimait beaucoup, et Mlle Marguerite avait aussi de l'amitié pour lui. Un soir, après le spectacle, elle soupira en disant : —Tu es bien heureux, Pierrot, d'avoir un théâtre merveilleux. Mme la Pluie t'a donné là un joujou digne d'une princesse. — Mademoiselle, répondit Pierrot, je suis bien heureux, en effet, de posséder une chose qui vous plaise afin de pouvoir vous la donner. Si mon théâtre est digne d'une princesse, vous le trouverez peut-être digne de vous, et je vous l'offre de tout mon cœur. Marguerite avait grande envie d'accepter le présent ; mais la baronne s'y opposa. —Pierrot, dit-elle tu es trop généreux. Garde ta boîte magique. Ma fille ne veut pas t'en priver. — Laissez-le, dit le baron ; s'il lui convient de donner son théâtre à Marguerite, il ne faut pas l'en empêcher. Ne te gêne pas, mon garçon. Ma fille acceptera le cadeau sans se faire prier. (A suivre...)