Résumé de la 18e partie ■ De retour chez lui, le meunier mit la boîte de cuivre sur la table, prit la baguette et frappa sur le couvercle, aussitôt la boîte merveilleuse s'ouvrit et l'on aperçut un théâtre fermé par un rideau rouge. Après la seconde comédie, la boîte se referma ; mais Jean-Pierre frappa encore avec sa baguette, et l'on vit la troisième comédie, qui s'appelait : Les Dons de la fée Patte-de-Mouche. Le meunier et sa femme veillèrent jusqu'à minuit pour regarder les douze comédies, et Pierrot récita tant de jolis discours qu'il en était un peu enroué. «Ces comédies sont fort divertissantes, disait Jean-Pierre ; mais ce théâtre n'est qu'un joujou et je ne comprends pas comment il pourra faire la fortune de Pierrot.» «Je le comprends bien, moi, dit Claudine. Tout le monde voudra voir notre spectacle merveilleux. Pierrot s'en ira dans les châteaux du voisinage avec la boîte de cuivre, la baguette et le livre doré sur tranche. Il amusera les enfants des seigneurs, on le régalera, il recevra des cadeaux et qui sait ? peut-être, un jour, il épousera une princesse Eglantine comme le chevalier Jasmin.» «Ce sont des rêveries que ces idées-là, murmura Jean-Pierre en s'endormant.» Le lendemain, au point du jour, Claudine mit son bonnet et sortit de la ferme pour aller raconter la nouvelle à sa voisine la laitière. Elle mêla si bien dans son discours Mme la Pluie, la grotte de l'Ouest et les nymphes avec l'enchanteur Merlin et la princesse Eglantine que la voisine la crut folle. Cependant, la laitière, en portant sa crème et son beurre au château, ne manqua pas de raconter l'aventure comme elle put au cuisinier. Le cuisinier en parla au valet de chambre, qui s'en alla trouver M. le baron. Jean-Pierre vit arriver son seigneur à la ferme. «Mon ami, dit le baron, j'ai rencontré tout à l'heure dans un bois Mme la Pluie qui est une amie de ma femme. Elle m'a parlé d'une boîte de cuivre dans laquelle est un théâtre de marionnettes et m'a conseillé de te l'acheter pour amuser mes enfants.» «Cette boîte merveilleuse ne m'appartient pas, répondit le meunier. Elle a été donnée à mon fils Pierrot». «Eh bien ! c'est à Pierrot que je l'achèterai. Qu'avez-vous besoin d'un théâtre ? Cela est bon pour des gens riches comme nous. Irez-vous perdre votre temps à regarder des marionnettes au lieu de travailler ? Une centaine d'écus valent mieux pour Pierrot que toutes les poupées du monde.» «Ce serait mon avis, répondit Jean-Pierre ; mais ma femme m'a trop grondé de vous avoir vendu le petit tonneau d'argent. Je ne ferai rien sans la consulter.» Claudine rentra, et le seigneur lui offrit d'abord cent écus du théâtre magique, et puis mille livres, et enfin deux mille ; mais la meunière ne voulut rien écouter. M. le baron se fâcha tout à fait en disant qu'on refusait ses offres pour le plaisir de le contrarier et qu'il saurait bien se venger. (A suivre...)