InfoSoir : Quels sont les commentaires et appréciations de la Fntr à propos des dernières déclarations du ministre du Travail relatives au dossier de la retraite prononcées devant la session ordinaire du Cnes ? M. Gadiri : Ce que nous savons aujourd?hui, c?est que les propos rapportés par la presse, il y a une dizaine de jours indiquant aussi bien devant le Cnes qu?à la réunion des cadres de la sécurité sociale, que le ministre aurait estimé que la caisse de retraite était «généreuse» ne reflètent pas exactement la situation. En réalité, la CNR ne fait qu?appliquer les lois qui sont votées par l?Assemblée et établies par le gouvernement. Elle n?invente rien. Or la loi de 1997, élaborée lorsque l?actuel Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, était à la tête de l?Exécutif, concerne justement la retraite à 32 ans. Elle fut d?ailleurs adoptée compte tenu de la situation de l?époque où le FMI faisait partir à la retraite plus de 200 000 salariés qui étaient selon lui en trop dans la Fonction publique. D?où l?invention de cette loi qui stipule qu?après avoir cotisé pendant 32 ans, on a droit à 80% de retraite quel que soit son âge. On a donc enlevé la limite d?âge des 60 ans. Cela n?existe dans aucun pays du monde, puisqu?on se retrouve avec des cas de retraités à taux complet âgés de 45 ans seulement et qui continuent de travailler par la suite par des contrats. Nous ne sommes pas contre la loi des 32 ans d?activité, mais nous disons qu?il faut que quelqu?un paie pour ceux qui partent à la retraite à 50 ans. 10 ans d?avance, la caisse est obligée de payer pendant tout ce temps sans contribution. Pourtant, pour la retraite anticipée, il y avait des dispositions qui permettaient de prendre en charge ce type de risques par l?employeur. Le gouvernement n?a pas prévu ce genre de ressources pour la retraite à 32 ans quel que soit l?âge. Nous disons, nous ne sommes pas d?accord. Et si on maintient cette loi, alors il faut faire payer soit l?Etat soit le salarié qui devra racheter les années qui lui manquent. Donc à la Fntr, vous êtes pour la réforme de cette loi ? Nous sommes pour la réforme dans le sens où il faut que quelqu?un paie la différence, car la caisse ne peut pas supporter. D?ailleurs, si la caisse a des difficultés financières, c?est à cause de ces problèmes. La CNR a payé 75 milliards de dinars pour les gens qui sont partis après 32 ans d?activité sans aucune contribution. Nous disons, on n?est pas contre la loi, mais il faut trouver les ressources. Autrement dit, quand on défend les intérêts de la caisse, nous défendons les intérêts pas seulement des retraités, mais des travailleurs dans leur ensemble. Etes-vous pour un régime de retraite par capitalisation ? Non, pourquoi ? Parce que d?abord, ce système a fait faillite dans plusieurs pays. Ensuite, parce que l?argent des cotisations est placé dans une société qui achète des valeurs et des actions, c?est ce qu?on appelle les fonds de pension. Si ces derniers sont mal gérés, c?est la faillite. Et puis, ce n?est pas un système de solidarité, on vous donne ce que vous avez versé soit en bloc soit on vous l?échelonne. La Fntr a-t-elle participé à l?élaboration de l?actuel système national de retraite ? Le système actuel de la sécurité sociale, donc de la retraite est le résultat d?un travail qui a été fait par une commission à laquelle l?Ugta a participé avec le ministère de tutelle. C?était en 1974. Seulement, on a mis de côté ces projets jusqu?en 1983, année qui a vu l?adoption de la loi de juillet 1983 avec application le 1er janvier 1984. Ces textes sont restés en cours jusqu?en 1996. Quelles sont les propositions de la Fntr dans une éventuelle réforme du dispositif de retraite et de sécurité sociale ? Pour le moment, nous ne voulons changer rien du tout. Ce que nous voulons, c?est que la loi des 32 ans sans conditions d?âge soit réexaminée dans le sens qu?il faut que quelqu?un paie, soit l?Etat soit le salarié. Le thème de la retraite sera-t-il abordé lors de la prochaine bipartite entre le Chef du gouvernement et l?Ugta ? Très certainement. Nous, en tant que fédération nous ne sommes pas directement partie prenante dans la bipartite. Nous avons collaboré dans le groupe de travail et participé notamment à l?étude de la question des 32 ans. Mais la Centrale syndicale et son secrétariat national participent aux négociations avec le gouvernement. Et la direction de l?Ugta est au courant de nos positions.