Mesure C?est le ministre de la Justice, M. Tayeb Belaïz, qui vient d?affirmer, à l?occasion de la toute récente rencontre régionale des magistrats, que l?on va vers la suppression de la peine capitale. En mettant ainsi sur la place publique ce volet de la réforme de la justice, le ministre ne brise pas seulement un tabou, mais ouvre de facto un débat sur un sujet qui n?a jamais fait l?unanimité autant au sein de la société que dans certaines sphères du pouvoir politique. Certes, l?application de la peine capitale est gelée depuis plus d?une décennie, puisque depuis 1993, aucun condamné n?a été exécuté (même Embarek Boumarafi, l?assassin du président Boudiaf, n?a pas subi cette sentence bien que condamné à cette peine). Mais cette suspension de facto du passage à l?acte de punir par le châtiment suprême, la mort, n?a jamais fait l?objet d?une quelconque codification juridique dans les textes de la justice algérienne. Cela ne veut pas dire pour autant que les tribunaux ne prononcent plus cette sentence. Souvent dans l?air du temps pas seulement en Algérie, mais dans nombre de pays du tiers-monde qui aspirent à avoir une justice à la fois humaine et moderne, la volonté affichée du ministre de la Justice d?abolir la peine capitale, obéit aussi à d?autres préoccupations majeures. Il s?agit d?abord de trouver la parade au refus de certaines capitales occidentales d?extrader vers l?Algérie certains Algériens poursuivis par la justice algérienne, sous le prétexte qu?ils pourraient être «exécutés». Cette affirmation officielle de mettre fin à ce qui est qualifié dans d?autres pays dits démocratiques, de «sentence barbare» traduit là l?intention du pays de s?aligner sur les systèmes judiciaires modernes où la peine de mort a été abolie depuis longtemps. Autrement dit, par cette humanisation et donc modernisation progressive de l?appareil judiciaire et de ses mécanismes de punition, c?est tout le dossier de la réforme de la justice qui est en marche.