Constantine La Chaâbania, une fête traditionnelle célébrant l'arrivée du mois sacré du ramadan a enflammé le palais du Bey, à Constantine. Pratiquée, jadis dans l'antique Cirta, par la confrérie des Aïssaoua, elle est célébrée le 27ème jour du mois de Chaâbane pour récolter des dons, argent ou denrées alimentaires à verser, toujours dans la discrétion, aux nécessiteux durant le mois du ramadan. Au cours de cette manifestation initiée par la direction de la culture et l'association locale El Baha afin de faire revivre un précieux patrimoine immatériel de la ville, des troupes excellant dans différents styles musicaux ont été conviées pour animer, devant un public fort nombreux, une "gaâda constantinoise" rehaussée par une mosaïque festive des musiques de la ville.Les artistes Abdelhamid Bencherit et Amine Chanti ont pris le relais pour gratifier les présents d'un bouquet de qacidas dans la pure tradition du malouf constantinois, agrémenté de belles variations rythmiques.Luth, qanûn et violons fusionnent entre authenticité et sensualité. Fella Fergani et sa troupe de "banoutate" ont ensuite fait leur entrée sur scène. Le goumbri, le Kerktou(un instrument de percussion) et la derbouka résonnent en mesures saccadées, plongeant l'auditoire dans une sorte de transe accentuée par les youyous. Le "clou" de la gaâda fut sans conteste la Hadra Aïssaouia avec Zineddine Benabdallah et ses invités venus des villes de Souk-Ahras, d'Aïn Beïda (Oum El Bouaghi) et de Guelma. Deux heures durant, les chouyoukh ont transporté les âmes et les coeurs avec, d'abord, une dakhla, une sorte d'oratorio fait de prières glorifiant le Prophète (QSSSL) et de l'invocation de certains saints, indiquant l'annonce solennelle de la cérémonie d'ouverture de la Hadra, dans la pure tradition de la confrérie. Les morceaux sont accompagnés tantôt de percussions enflammées d'une dizaine de bendirs, de tars et de derboukas, tantôt de claquements de mains savamment rythmés, si typiques à ce genre de chants mystiques.