Résumé de la 12e partie Ayant absolument besoin de papiers, Omar, Saddek et Saoudi s?adressent au commissaire par l'intermédiaire de Saïd. Il leur promet un rendez-vous avec le préfet. Deux jours plus tard ? qui leur semblent des siècles ?, car ils restent maintenant confinés dans leur chambre, les trois évadés, portant une échelle et des pots de peinture pour donner le change, sortent du restaurant et se dirigent vers la préfecture. Ils passent devant les sentinelles, le c?ur battant. Les gens vont et viennent, au milieu d?innombrables soldats en uniforme. Une femme les croise et les regarde longuement. Ils passent, impassibles : «Qu?est-ce qu?elle a à nous regarder comme ça ?» murmure Omar. Il se retourne mais la femme a déjà tourné le coin du couloir. Ils se dirigent directement vers le bureau indiqué par Saïd et frappent à une porte après avoir déposé l?échelle contre le mur. Un jeune homme de forte corpulence aux cheveux bruns coiffés sur le côté leur ouvre presque aussitôt et, jetant un regard inquiet dans le couloir, leur dit : ? Par ici, messieurs, vite entrez ! Il va directement à un téléphone posé sur son bureau, compose un numéro et demande doucement : ? Vous êtes seul ? Puis il écoute longuement son interlocuteur au bout du fil, hochant la tête de temps à autre. À la fin, il raccroche et dit : ? Le préfet ne peut absolument rien faire pour vous. Lui-même est étroitement surveillé par les Allemands, et aucun papier ne peut sortir de son bureau sans passer par eux. Même son secrétaire est un espion à la solde des occoupants. Il vous conseille expressément de quitter la ville le plus vite possible, car ici, vous êtes en danger et ils mettront la main sur vous tôt au tard. Je suis désolé, mais partez vite avant que l?on ne vous remarque. Quittez la ville dès aujourd?hui et bonne chance ! La mort dans l?âme, les trois hommes reprennent leur échelle et retournent au restaurant. Le lendemain, Saddek rencontre par hasard dans la salle des connaissances originaires du même douar que lui. Ils lui promettent de le cacher jusqu?à la fin de la guerre. Saddek accepte. Au moment de quitter ses compagnons, il leur déclare d?une voix tremblante : «Je ne vous oublierai jamais, mes frères. Nous nous reverrons en Algérie libre Inchallah ! Que Dieu vous protège !» Les autres lui sourient, lui serrent la main longuement, sans répondre de peur de trahir leur émotion. Puis, Saoudi et Omar restent un long moment sans parler. Saoudi, allongé sur son lit, feint de dormir, et Omar frotte de toutes ses forces un col de chemise qu?il lave dans le petit lavabo. ? Omar, dit soudain Saoudi, en se dressant sur son séant, nous partirons demain matin ! C?est trop dangereux, et Saïd aussi risque sa vie en nous cachant ici ! Le lendemain après un copieux casse-croûte préparé par le brave Saïd, les deux compagnons reprennent la route. La neige commence à tomber à gros flocons, recouvrant la ville, et les bruits sont comme atténués. Les phares des rares voitures trouent le brouillard, et ils se sentent comme protégés par ce manteau naturel. Ils peuvent maintenant braver le froid de l'hiver. Ils ont doublé leurs pulls, leurs pantalons et leurs chaussettes, et portent des moufles et des bonnets de laine. De larges manteaux serrés à la ceinture les recouvrent jusqu'à mi-jambes et Saoudi porte en bandoulière un sac de cuir tanné dans lequel le Sétifien a fourré deux gros pains noirs copieusement enduits de beurre et de fromage, enveloppés dans du papier journal, et un petit pot de confiture. (à suivre...)