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Histoires vraies
Au bout, la liberté (3e partie)
Publié dans Info Soir le 23 - 07 - 2003

"Résumé de la 2e partie" Dans l?enfer de la détention, Saoudi se réfugie dans les tendres souvenirs de son douar tout en continuant à projeter sa fuite.
C?est le dimanche après-midi, seul moment de repos, que les prisonniers vont à la douche et font leur lessive dans la grande bâtisse de pierre, une buanderie où l?eau de lessive coule directement dans un égout relié aux latrines. Chacun cache jalousement le morceau de savon noir fourni, une fois par mois, et qui sert à tous les lavages. L?eau, souvent glacée, est ramenée de la fontaine à la cour à l?aide de gros baquets de bois?
Presque aussitôt, deux gardes font irruption dans le dortoir, «allez, shnell !», ils boivent en silence leur café accompagné de quelques biscuits grossiers, le regard fixe, chacun tâchant d?économiser ses forces. Bientôt, un coup de sifflet strident les remet en rang compact dans la cour dallée, et ils s?élancent sur la route entre leurs gardiens vigilants, le visage déjà gelé, les yeux humides, le souffle court.
«Ah ! pense Saoudi, ils finiront ce maudit camp sans moi !» Plus rien ne compte pour lui maintenant, que l?exécution de son plan. Pendant toute la matinée, il travaille comme un automate et il oublie presque les morsures du froid, le regard dur, le visage plus fermé que jamais. A plusieurs reprises, les gardiens le pressent et l?un d?eux lui flanque un coup de crosse qui manque de lui briser le dos. Mais, contrairement à son habitude, il reprend sa corvée avec calme, l?esprit ailleurs, tous les muscles tendus comme un plongeur qui va s?élancer dans le vide.
? Qu?as-tu donc aujourd?hui ? lui demande Saddek, son meilleur ami, au moment de la pause durant laquelle ils avalent un méchant brouet de choux et de patates à peine tiède.
? J?en ai assez de cette vie, Saddek, il faut que ça cesse !
Saddek, tout en mâchant, parcourt des yeux le chantier, les gardiens armés jusqu?aux dents, les prisonniers ? ses frères ? assis à même le sol comme des bêtes de somme fourbues, parlant peu et l?air si misérable qu?il sent son c?ur se serrer. Puis il répond doucement :
? Mais que faire, Saoudi ? C?est le mektoub! Un jour, nous retournerons peut-être chez nous si Dieu le veut.
Mais il y a si peu de conviction dans sa voix que son ami n?est pas dupe. Pourtant, c?est un dur, un paysan venu du douar de son pays, ramassé et jeté comme lui dans l?enfer d?une guerre qu?il ne comprend pas, dont il ne saisit pas bien les raisons, sachant vaguement qu?en cas de victoire de la France, ce qui était loin d?être le cas, tous les Algériens seront libres dans leur pays. C?est du moins ce que disent les autres.
Saddek est illettré, mais Saoudi est allé jusqu?au certificat d?études, fait rare pour un Arabe à l?époque, surtout dans un petit village comme El-Milia.
Il sait l?arabe et le français, et il peut réciter par c?ur tous les versets du Coran, et pour cela, Saddek lui voue un respect instinctif?
Ce soir-là, en rentrant au camp, Saoudi, les mains enfoncées dans ses poches, serre entre ses doigts glacés aux ampoules éclatées, le tournevis volé dans la boîte à outils et qui va lui ouvrir la porte de la liberté.
Longtemps après l?extinction des feux, il reste allongé sur sa paillasse, chaussé de ses grosses godasses à clous, réfléchissant, les yeux fermés. Très vite, le dortoir se calme. Beaucoup dorment déjà, aussitôt la tête posée sur le polochon. Puis, c?est le silence entrecoupé de ronflements sonores. Saoudi attend encore. soudain, il se retourne vers Saddek allongé près de lui, et le secoue doucement :
? Que veux-tu ? Tu es malade ?
? Saddek ! écoute ! je vais m?évader? Réveille-toi !
Un silence, puis Saddek s?exclame tout haut :
? Quoi, mais tu es fou ! Laisse-moi dormir mon frère, je suis fatigué !
? Chut ! tu vas réveiller les autres !
Ecoute ! Viens avec moi, car c?est trop dur de partir tout seul et personne avec qui parler? Viens avec moi... !
L?autre s?assoit sur son séant, silencieux, incrédule. Saoudi lui laisse un moment pour se ressaisir et comprendre ses paroles.
? Je te jure que c?est vrai !? Regarde ! c?est un tournevis, je vais dévisser la fenêtre et m?enfuir?
? Mais? Comment feras-tu ? Les sentinelles dehors ? Tu es fou ? Reprends-toi, et dors !
Et il s?allonge à nouveau, ramenant sa couverture sur sa tête. Dépité, Saoudi lui jette :
? Tant pis pour toi, je te croyais un homme!
Il se lève et s?approche sans bruit de la fenêtre. Autour de lui, les quelques prisonniers qui avaient entendu la conversation écoutent, étonnés. A tâtons et avec d?infinies précautions, Saoudi dévisse la fenêtre et dépose doucement tout le cadre contre le mur. Un rayon de lune pénètre dans la salle en même temps qu?un souffle glacé. (à suivre...)


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