Ce matin, à l?hôpital Mustapha, la tension était perceptible à la suite du débrayage des travailleurs du secteur, tous corps confondus. Les malades étaient, eux, perdus. En attendant que les statistiques des uns et des autres précisent, selon les points de vue, le taux de participation à ce mouvement de grève des travailleurs de la santé, il semble que le débrayage ait été largement suivi. Du moins à l?hôpital Mustapha où nous nous sommes rendus ce matin. Le climat était électrique. Tous les services de l?établissement, à l?exception des urgences, étaient paralysés à partir de 8h. Les plus grands surpris étaient évidemment les malades qui se sont rendus pour des soins externes à l?hôpital et qui ont découvert les portes closes des différents services à l?exception des urgences où un service minimum était assuré. Devant le bloc de la direction générale, un attroupement de malades cardiaques : ils réclamaient leur médicament : un anticoagulant. «Il nous faut d?urgence ce médicament, car sans ça nous risquons une hémiplégie», lance, irrité, un malade au responsable de la direction générale. Lequel responsable a eu vraiment du mal, ce matin, à calmer la colère de ces grands malades. Le même constat est relevé également au niveau du service d?ophtalmologie où le mécontentement des malades qui ont fait le déplacement très tôt était à son comble. C?est le cas de cette vieille dame qui est venue de Bordj Ménaiel pour un traitement et qui a dû rebrousser chemin. «Je ne comprends pas pourquoi on me fait venir de très loin pour ensuite me demander de revenir un autre jour», dénonce cette sexagénaire qui explique : «Il m?a fallu exactement une année pour me procurer ce traitement de France, car je risque de perdre définitivement la vue.» Les infirmiers, les secrétaires, les agents de services, les plantons, les ambulanciers?, eux, comptent se faire entendre. Réunis dans l?enceinte de l?hôpital, ces employés, qui brandissaient des banderoles, réclamaient la prise en charge de leur plate-forme de revendications. Notons, par ailleurs, que cette grève intervient à la suite de l?échec des négociations, mercredi dernier, entre la Fédération nationale des travailleurs de la santé (Fnts) et la tutelle. Dans un communiqué rendu public, hier, ce syndicat a relevé l?indifférence de la tutelle. «Les représentants de la tutelle n?ont pas été sensibles à la nature de la revendication ainsi qu?aux retombées néfastes d?une grève nationale», lit-on dans le document en question. Ainsi, la fédération a mis à exécution ses menaces de grève après un ultimatum de quinze jours pour paralyser l?ensemble des hôpitaux, des secteurs sanitaires, des écoles polycliniques et des administrations.