Résumé de la 2e partie Quand une femme a les dents de devant écartées, on pense qu'elle va porter malheur à son époux? Ce n'est que de la superstition, se dit Mohamed. Lui si respectueux des traditions, il ne peut ni ne veut croire à ces sornettes d'un autre âge ! A trente-cinq ans, on peut dire qu'il a bien réussi sa vie. Parti presque de rien, avec un diplôme d'électronicien, il a d'abord travaillé pour les autres avant d'ouvrir son premier atelier. ll s'est par la suite agrandi, a changé de local et ce sont des magasins qu'il tient aujourd'hui... Son père, qui a une pension en devises, l'a, bien sûr, aidé, mais il doit surtout sa réussite à son intelligence et à son travail acharné. ll a rencontré, il y a quelques mois, une jeune enseignante, Nadia, dont il s'est épris. Les deux amis ont décidé d'officialiser leur relation et Mohamed, voulant faire plaisir à sa mère, l'a envoyée voir la jeune fille. Et voilà qu'elle lui sort cette histoire d'écartement de dents ! Absurde, ridicule ! Mais s'il pense que la chose est absurde, il n'en est pas moins perturbé. Non qu'il crût à la superstition, mais sa mère a jeté le trouble dans la famille. Son père Ali, ses deux s?urs Safia et Malika, et même son frère cadet Amine, croient, eux aussi, à la superstition et ils vont certainement regarder d'un mauvais ?il Nadia ! Aujourd'hui, justement, il a rendez-vous avec elle et, après ce qui s'est dit, il est un peu gêné de la voir. La jeune femme l'attend, souriante. ? Monte dans la voiture, lui dit-il. Elle est quelque peu surprise par l'accueil. ? Tu vas bien ? lui demande-t-elle. ? Oui, dit-il, sans état d'âme. Cette fois-ci, Nadia s'alarme. Brusquement, elle se rappelle la visite que lui a faite la mère de Mohamed et elle lie le comportement de celui-ci avec la visite. ? Je n?ai pas été au goût de ta mère ? demande-t-elle. Mohamed la regarde, surpris. ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ? ? Ta froideur ! lâche-t-elle, prête à pleurer. ? Mais non, se reprend-il, mais non ! Je ne suis pas froid et ma mère te trouve plutôt jolie ! ? Alors, qu'as-tu ? ? Mais rien, bien sûr ! ? Pourquoi ne souris-tu pas ?D'habitude, tu plaisantes également ! Il lâche le volant et la chatouille. Elle éclate de rire. ? Arrête, la voiture va t'échapper ! ? Tu as peur de mourir. ? Ne parle pas comme ça ! N'appelle pas le malheur. Le mot «malheur» lui rappelle la superstition de sa mère. ll regarde Nadia. La jeune femme rit, découvrant ses dents de devant. L'écartement des incisives est plus important qu'il le croyait. (à suivre...)