Comme beaucoup de langues, I'algérien est riche en interjections, ces petits mots que l'on fait suivre, à l'écrit, de points d'exclamation ou d'interrogation et qui expriment les états d'âme de ceux qui les poussent : émotion, colère, douleur, étonnement, indignation... L'interjection la plus courante en Algérie est certainement le nom de Dieu, Allah, prononcé de diverses façons : Wallah ! (par Dieu !) pour faire un serment ou appuyer un propos. Ainsi, Wallah djit lakin ma sebtekch (par Dieu, je suis venu mais je ne t'ai pas trouvé) ; pour exprimer l?étonnement Wallah, hada nta (par Dieu, c'est toi qui es là ?). Le mot Yallah !, prononcé sur un ton prolongé, exprime la lassitude : c'est l'appel de celui qui éprouve de la peine à se lever, mais le même mot, prononcé sur un ton ferme, voire énergique, invite à l'action : Yallah, emchi (par Dieu, marche), YaIlah, buji (par Dieu, bouge), etc. On adjoint parfois au mot Allah le mot Rebbi : Yallah, ya Rebbi (par Dieu, le Seigneur). Le mot Rabbi, qui provient du classique Rabb, signifie, en effet, «Seigneur» ; mais dans les langues algériennes, le mot a pris le sens exclusif de «Dieu». Le mot a donc, dans l'expression citée, un sens tautologique. Les noms de Dieu de la tradition musulmane sont, pour la plupart, utilisés comme interjections : Ya Rahman), (Ô CIément), Ya Rahim, (Ô Miséricordieux), Ya Qawi (Ô Très Fort) etc. Le nom Yalatif (Ô Subtil ! Ô Bienveillant) a un traitement particulier : on le lance surtout pour exprimer son indignation ou sa désapprobation : Yalatif, wach bih ? (Ô Bienveillant, qu'est-ce qu'il a donc ?), Yalatif, wahd l?mesmar (Ô Bienveillant, quel avare), etc. Citons, pour finir, la double interjection : Yahafidh, Yasett?ar ! (Ô Conservateur, ô Protecteur) pour appeler l'aide de Dieu.